Au feu, Gilda : charmante comédie romantique signée Géraldine Barbe

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Au feu, Gilda vient de sortir aux éditions du Rouergue. Il s’agit du dernier roman de Géraldine Barbe, qui tourne intégralement autour des déboires amoureux du personnage principal, Gilda. À 40 ans, fraîchement divorcée, ancienne actrice maintenant pointeuse à Pôle Emploi, elle a les ovaires en ébullition. Coup de bol, elle vient de rencontrer un homme à bonnet, père célibataire parmi la foule des parents de l’école maternelle de son fils. Il va tomber amoureux d’elle, c’est sûr.

Parallèlement, sa conseillère Pôle Emploi la tanne pour qu’elle fasse quelque chose. Ce n’est pas qu’elle est chiante, mais elle commence à lui courir sur le bourrichon. Alors, pour avoir la paix, Gilda lui parle du fait qu’il y a pénurie d’écrivains de talent. Il n’en faut pas plus à cette brave dame pour se lancer dans l’entreprise de trouver une formation d’écrivain à Gilda, et quelqu’un qui pourrait l’aider à se lancer. Ce sera Philomène,éditrice à la retraite, qui accepte de s’y coller. Et c’est parti, cela donne à Gilda « les ailes
nécessaires à l’écriture du récit de sa vie en live. » Ne reste plus qu’à s’installer en charentaises, avec une tasse de thé, et à se laisser porter.

au-feu-gildaBon, Au feu, Gilda est bancal par certains côtés, certains personnages ne sont guère exploités (Trevor, le fils de Gilda, son ex-mari, totalement absent, ou Emmanuel, son « doudou sexuel ») et Gilda m’a personnellement un peu agacée par moments avec son côté trip mégalo « je ne vois que ce qu’il me plaît de voir », mais c’est une lecture plaisante. On sourit beaucoup devant ses pérégrinations amoureuses – qui se passent beaucoup dans sa tête – avec l’homme au bonnet, on rit aussi en voyant comment l’auteure se moque au second degré des travers de l’auto-fiction, de Pôle Emploi et du milieu du cinéma, et on passe finalement un bon moment dans ce récit léger, porté par le style frais et ironique de Géraldine Barbe.

J’aime aussi ce côté ludique de l’écriture mis en scène, puisque le corps du récit se déroule comme le brouillon du futur best-seller de Gilda, avec les commentaires de Philomène sur les personnages et l’action, les propositions de titre toutes plus farfelues les unes que les autres de la part de Gilda, et les scénarios alternatifs. C’est essentiellement cela qui fait le liant et sauve certaines lourdeurs de l’intrigue – parce que le spécimen mâle du mufle parfait et celui de la femme qui grimpe aux rideaux devant l’ombre d’un regard même pas intéressé, ça tient deux secondes, et toute l’ironie du monde ne suffirait pas à rendre le cliché assez digeste pour lire l’histoire jusqu’à la fin… mais le côté ludique de l’écriture le fait miraculeusement.

Au feu, Gilda est une lecture sympa du dimanche après-midi en somme, divertissante et sans prétention.

« Gilda a compris le message. Aucun doute, l’homme l’ignore, il ne l’aime pas du tout. Il s’en fout complètement. Y aurait-il quelque chose à comprendre qu’elle n’aurait pas compris ? L’homme et son bonnet seraient-ils les instruments de sa perte, voire, les instigateurs ? Un complot serait-il ourdi contre elle ? En vérité, en plus d’insupportable, tout cela devient ridicule, d’autant que le manque de participation du héros principal remet gravement en question l’écriture de son histoire d’amour. Et pourtant, elle n’abandonne pas. Il est évident que Gilda est prête à se sacrifier totalement sur l’autel de la littérature. Si ce n’était pathétique, ce serait beau. »
Résumé : Gilda s’embourbe.
Suggestion de titre : L’Autel, Gilda.

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