Mexican Gothic – Prix Locus du meilleur roman terreur 2021

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Mexican Gothic est un roman fantastique écrit par Silvia Moreno-Garcia. Sorti chez les éditions Bragelonne le 18 août dernier, ce livre a reçu le prix Locus 2021 du meilleur roman terreur. Présenté comme la rencontre entre Lovecraft et les sœurs Brontë, l’action manque pourtant terriblement à cette histoire aussi intelligente qu’originale.

Nous sommes dans les années 50 au Mexique où nous faisons la connaissance de Noemí Taboada, une mondaine qui apprécie l’anthropologie autant que le badinage. Elle souhaiterait poursuivre ses études, mais ses parents préféreraient qu’elle se trouve un mari, et vite. Quand son père la fait venir d’urgence dans son bureau, elle se demande encore ce qu’elle a bien pu faire pour l’énerver. Sur place, elle découvre que ce dernier a reçu une lettre étrange de sa cousine Catalina (voir extrait ci-dessous) et qu’il s’inquiète. Sa santé mentale serait en jeu… Il propose alors à Noemí d’aller chez sa cousine, à High place, pour lui rendre compte de son état. En échange, il consentira à l’inscrire à l’Université nationale. Noemí saute sur l’occasion, d’autant plus qu’elle adore sa cousine et qu’elle trouve étrange de ne pas avoir eu de ses nouvelles depuis son mariage.

Sur place, les nerfs de Noemí seront mis à rude épreuve. Un vieillard dégoutant et aux portes de la mort dirige d’une main de fer High Place. Le bruit est interdit, de même que les cigarettes et les sorties. De plus, Noemí n’a pas le droit d’aller voir Catalina quand elle le souhaite. Ses moindres faits et gestes sont scrutés et la santé de sa cousine semble décliner de jour en jour. Elle demande à voir un médecin, on lui répond que celui de la famille vient toutes les semaines et que Cataline va mieux qu’avant. Elle demande à un nouveau médecin de l’ausculter, l’avis de celui-ci n’est pas pris en compte. Le mari de sa cousine est tantôt terrifiant, tantôt charmant (peut-être même un peu trop), la responsable des lieux est une horrible bonne femme, et les deux malheureux serviteurs ne disent pas un mot. Seul Francis, un cousin d’on ne sait combien de degrés, semble à peu près normal… même s’il a peur de sa propre famille.

Au fur et à mesure des pages, le mystère s’épaissit autant que le brouillard qui entoure le manoir, et Noemí commence à ressentir les mêmes symptômes de folie que sa cousine. Il lui faut partir et vite, mais y arrivera-t-elle ?

Maxican Gothic a une très bonne base : une intrigue bien pensée et vraiment originale dans une époque  franchement bien choisie. Son souci ? Il ne se passe pas grand chose jusqu’à la page 213. Quand on sait qu’il y a 346 pages, ça fait beaucoup… Si vous lisez d’autres avis, vous verrez des personnes dire que la tension et le suspense sont à leur comble du début à la fin, donc peut-être que le souci vient de moi. Ce roman a tout de même reçu le prix Locus, a été traduit dans 24 pays, sera bientôt adapté en série télé et a été classé parmi les 100 meilleurs romans fantastiques de tous les temps selon le TIME Magazine. Alors forcément, mon humble avis peut sembler risible, mais je n’ai vu aucune tension et ai trouvé beaucoup de lenteur au début. J’ai subi ces deux cents pages et je me suis accrochée uniquement parce que l’auteur me donnait quelques indices de temps en temps et qu’ils étaient très bons. Encore une fois, oui, c’est vraiment bien pensé ! Mais, pour moi, c’est loin d’être effrayant à lire, cela n’apporte pas de tension…

Puis, arrivée au chapitre 17, tout se met en place et s’accélère pour mon plus grand plaisir. Enfin de l’action ! Tout devient tellement intéressant et addictif. L’intrigue, avec sa bonne base, est encore meilleure et les personnages sont vraiment attachants. Je me suis enfin sentie dans l’histoire, en train de luter auprès de Noemí et Catalina. L’ambiance devient plus sombre, plus oppressante. Le dénouement est terriblement intelligent.

En conclusion, Mexican Gothic est un roman fantastique intéressant avec une intrigue terriblement bien pensée et originale. L’époque et le lieu sont bien choisis, les personnages sont bien créés. Le seul bémol reste la lenteur du début, qui contraste totalement avec l’incroyable développement du reste de l’histoire.

Extrait :

Noemí eut bien du mal à déchiffrer les mots, sans parler d’en appréhender le sens. Catalina avait employé une écriture tremblante, peu soignée.
« … il essaie de m’empoisonner. La maison empeste la pourriture, déborde de malfaisance et de cruauté. J’ai tenté de calmer mes nerfs, de ne pas m’en préoccuper, mais je n’y parviens pas. Il m’arrive de perdre le fil de mes pensées et toute notion du temps. Je t’en prie. Je t’en prie. Ils sont méchants avec moi. Ils ne me laisseront pas partir. Je m’enferme dans ma chambre, mais ils entrent quand même, murmurent à mon oreille toutes les nuits et j’ai si peur de ces fantômes, de ces morts privés de repos, privés de chair. Le serpent qui mange sa queue, la terre infecte sous nos pieds, les faux visages et les fausses paroles, la toile que l’araignée fait vibrer. Je suis Catalina Catalina Taboada. Catalina. Cata, Cata, viens jouer dehors. Noemí me manque. Je prie pour te retrouver. Viens me chercher, Noemí. Viens me sauver. Car je n’y arriverai pas toute seule, je suis prisonnière de fils durs comme de l’acier qui traversent mon esprit et ma peau et tout est là dans les murs. Ça ne me lâchera pas, alors je te supplie de venir me libérer, de briser mes liens, de les arrêter. Pour l’amour de Dieu…
Dépêche-toi,
Catalina »
Dans les marges, la cousine de Noemí avait placé d’autres mots, tracé des cercles et des chiffres. L’ensemble s’avérait plus que déconcertant.

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