En cette Rentrée littéraire, la journaliste Amélie Cordonnier publie son premier roman, Trancher, chez Flammarion. Un livre difficile qui aborde le sujet de la violence conjugale verbale. L’héroïne est en couple avec Aurélien. Ils ont deux enfants. Après des années de trêve, Aurélien recommence à l’insulter, et ce devant leurs enfants. Un roman d’une grande violence, parfois insupportable.
Trancher, c’est trancher entre partir ou rester. C’est trancher entre « ça va aller, il est comme ça malgré lui » et « je ne peux plus le supporter ». C’est aussi les mots, tranchants comme le plus aiguisé des couteaux. Les mots qui détruisent un amour, qui détruisent une femme, et qui détruisent une famille.
Ce n’est pas la première fois qu’Aurélien insulte sa femme. Elle l’a même quitté une première fois pour ça. Mais il s’est excusé, il a mis du cœur à l’ouvrage et il a insisté, insisté. Elle a accepté de revenir. Il a changé… Ils ont eu un deuxième enfant, une petite Romane. Sept ans plus tard, sans crier gare, la violence verbale revient. Et le calvaire recommence… Il faut partir. Elle met en place un compte à rebours. Le premier janvier de l’année d’après, elle partira. Enfin… si elle a le courage. Et les enfants ?
Dans ce premier roman, Amélie Cordonnier fait un choix audacieux et rare : écrire tout le livre à la deuxième personne du singulier. Au départ déconcertant, ce choix stylistique permet d’être totalement immergé dans l’histoire. On est obligé de s’identifier à l’héroïne. Amélie Cordonnier ne nous laisse pas le choix. Et c’est sans doute ce qui participe à rendre le roman si violent. Les insultes qu’Aurélien assène à sa femme nous arrivent en pleine figure. On les reçoit très directement. C’est insupportable. Il faut que ça cesse. Il faut qu’elle s’en aille. Et vite. On ne va pas pouvoir supporter ça plus longtemps.
Trancher déroule cette relation amoureuse, qui a eu de merveilleux moments. Mais qui a sans cesse été entachée par cette violence verbale incontrôlable, insupportable, qui vous réduit à néant. Les raisons de partir tout comme celles de rester sont évidentes, mais on aurait aimé qu’Amélie Cordonnier développe davantage ce dilemme insupportable que vivent tant de femmes. Pourquoi il est parfois – souvent – impossible de partir. La relation avec les enfants est parfaitement bien décrite. La force qu’ils peuvent avoir, comme ils comprennent tout et comme ils peuvent devenir des alliés, reconnaître le bien du mal. Même tout petits. Les scènes avec eux sont très fortes et donnent les larmes aux yeux tout en pinçant le cœur.
Trancher est un premier roman réussi, qui s’attaque à un sujet difficile, dans une recherche psychologique et stylistique très intéressante.
