Une vie de pierres chaudes, le premier roman d’Aurélie Razimbaud

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Aurélie Razimbaud publie son premier roman chez Albin Michel pour cette Rentrée littéraire, Une vie de pierres chaudes. C’est dans le contexte de la guerre d’Algérie qu’elle plonge ses personnages. Un moyen pour elle de dire cette époque que son grand-père n’a jamais pu lui raconter…

En Algérie, dans les années 70, Rose vient d’épouser Louis. Un grand bonheur pour elle, qui se languissait d’amour pour lui depuis quelques temps. Même s’il est très mystérieux, s’il se réveille en hurlant, s’il a une ombre devant les yeux la plupart du temps, elle est heureuse. C’est lui entre tous les autres, auprès de qui elle voulait passer sa vie.

Dans les premiers chapitres, on comprend que quelque chose de terrible s’est passé pendant cette guerre d’Algérie. Quelque chose que Louis aurait vécu – ou pire – qu’il aurait fait. C’est en tout cas le mystère qui plane sur lui, surnommé Beau Gosse par ses anciens compagnons de guerre. Beau Gosse, forcément solide, sans doute coupable de quelque chose… Rose et Louis ont une petite fille, Violette, qui souffre du manque d’attention de son absent de père. Absent par la pensée, constamment, mais aussi souvent en déplacement… Du moins c’est ce qu’il a dit à son épouse. À moins que…

La première partie du roman se concentre sur Rose, patiente et amoureuse. On en apprend très peu sur Louis, l’énigme. La seconde partie d’Une vie de pierres chaudes le replace au centre. Et c’est la partie la plus belle du livre. On fait connaissance avec cet homme, qui subit sa vie depuis cette guerre terrible qui l’a obligé à des extrêmes, sans retour en arrière possible.

Un homme au cœur et à l’âme brisés, qui tente de faire les bons choix et d’assumer ses errances. Aurélie Razimbaud fait du personnage de Louis quelqu’un d’extrêmement attachant. Par son style poétique et subtil, elle nous touche en plein cœur au détour de nombreuses phrases, qui disent toute la complexité d’une vie qui se serait préférée simple. Par petites touches de mots, Aurélie Razimbaud parvient à nous faire comprendre l’essence de ses personnages, leurs émotions les plus intimes.

Une vie de pierres chaudes est un premier roman magnifique, qui reste en tête. Il nous fait penser à nos grands-parents, qui ont vécu une guerre ou l’autre, mais aussi à tous ceux qui en vivent une aujourd’hui. À ces vies sacrifiées au repenti impossible, qui traînent ces épreuves comme des boulets. À ces destins malchanceux qui essayent désespérément d’atteindre le bonheur, sans être sûr de bien le reconnaître, et qui s’y cassent les dents.

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