Le poison de la vérité, quand la vérité est plus dangereuse que le mensonge…

Le premier roman de Kathleen Barber, Le poison de la vérité, est paru le mois dernier aux éditions Michel Lafon. L’ouvrage a eu un beau succès dès sa parution américaine en 2017 et sera, dit-on, adapté sur petit écran en série TV par Reese Whiterspoon. Et il le mérite.

On peut avoir de prime abord un blocage niveau couverture. Atteint-on un point de saturation envers les couvertures silhouette noire sur fond vivement coloré ? De même pour les titres hyper consensuels de ce genre : Le poison de la vérité. Plus dangereux que le mensonge… Le titre original Are You Sleeping paraît plus intriguant et en phase avec l’histoire.

En tout cas, on est vite happé par l’histoire de Josie (oui, ça sonne moins bien en français) qui s’est construit une nouvelle vie, changement de nom y compris, après l’assassinat de son père à son adolescence. Le meurtre avait été imputé à son voisin, suite au témoignage de la sœur jumelle de Josie. Cependant, voilà qu’une journaliste spécialisée en faits divers se lance dans un podcast qui ré-ouvre le dossier et pose la question de l’innocence du voisin.

Ce type de postcasts « true crime » est très populaire aux Etats-Unis. Kathleen Barber mêle ainsi au récit classique (du point de vue du personnage principal) retranscriptions du podcast, discussions sur le forum Reddit, fil d’actu Twitter. C’est original et ça fonctionne bien. On se pose vite des questions, remettant en cause tous les personnages. Dans Le poison de la vérité, on découvre une panoplie de protagonistes féminins, aux caractères plutôt bien trempés, les hommes restant (pour une fois ?) au second plan, et c’est appréciable. La relation torturée de Josie avec sa jumelle, son effroi à l’idée de révéler ses secrets à son petit ami, sa difficulté à ne pas écouter les épisodes du podcast sont autant d’éléments qui permettent de s’attacher à cette héroïne ordinaire.

Le style, sans être renversant, est fluide. On lit le livre facilement, presque d’une traite. Pour ne pas mentir, dur de le lâcher le soir pour aller dormir. En refermant Le poison de la vérité, on se dit qu’il s’agit peut-être davantage les liens familiaux et les secrets de famille qu’un drame policier haletant. On a hâte de voir la façon dont sera retranscrite à l’écran cette fiction aux accents contemporains. Un spoil sans regret.

Extrait :
Assise dans mon wagon de la ligne R, tenant sur mes genoux deux sacs plein de burgers végétariens congelés et de divers produits hors de prix mais superbes, j’entendis quelqu’un dire : « Eh, tu as entendu parler de ce truc sur le meurtre de Chuck Buhrman ? »
Le sang me monta aux oreilles et ma vision s’obscurcit. Cela faisait plus de dix ans que je n’avais plus entendu le nom de mon père, et le retrouver nonchalamment prononcé par une adolescente maigrichonne avec un piercing à la lèvre me retourna l’estomac.