Un tableau neigeux, la confirmation de Manuel Benguigui

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Un an à peine après son premier roman, le prometteur Un collectionneur allemand, Manuel Benguigui récidive avec Un tableau neigeux, paru lors de la rentrée littéraire d’hiver 2018. Toujours à l’enseigne du Mercure de France, Benguigui confirme ici tout le bien qu’on pensait de lui – et bien plus encore.

Comme pour Un collectionneur allemand (notre chronique par ici), c’est dans le monde de l’art que se situe l’intrigue d’Un tableau neigeux. Edwin, le personnage principal, est obsédé par un tableau neigeux dont il ne connaît ni le peintre, ni la localisation. Il ne sait même plus où il l’a vu, ni même s’il la vraiment vu.

Edwin n’a qu’un ami, Edgar, un photographe qui l’invite à l’accompagner dans un de ses reportages. Edwin en profite pour dérober un petit tableau flamand exposé dans la maison où se déroule le reportage. Résultat : il est poursuivi par le propriétaire de ladite maison, par son majordome Boniface, informaticien à ses heures perdues, et par sa femme Denise, revenue exceptionnellement de Hong Kong pour traquer au voleur, mais aussi pour mettre la main sur ce tableau qu’elle convoite pour sa propre collection. À moins que ce soit pour ranimer les dernières cendres de son mariage ? Ah et on allait oublier : le voleur est aussi pourchassé par un expert en art, qui souhaite proposer le tableau volé à Denise, sans savoir qu’il appartient déjà au mari de celle-ci.

La poursuite va mener tout ce beau monde de Manchester à Maastricht en passant par Paris et, bien sûr, Hong Kong. Un tableau neigeux pourrait être un livre d’aventures façon James Bond, ou une comédie à la sauce vaudevillesque. Il est vrai que le livre emprunte à l’un et à l’autre. Mais la plume singulière de son auteur les dépasse l’un et l’autre. Manifestement inspiré par le monde de l’art, Manuel Benguigui fait exister les œuvres et les êtres par des touches légères. Il choisit ses mots avec parcimonie et opte toujours pour le terme juste. Celui qui fait (sou)rire, qui étonne ou qui à lui seul suggère toute la complexité de la situation.

Un deuxième roman est un cap difficile, celui où le romancier ne bénéficie plus ni de l’indulgence ni de l’effet de surprise ou de curiosité liés à une première œuvre. Manuel Benguigui fait pourtant partie des auteurs qui publient rapidement un deuxième roman chez l’éditeur de leurs débuts. C’est une performance en soi. Un tableau neigeux bénéficie néanmoins d’une couverture médiatique moindre qu’Un collectionneur allemand. C’est injuste pour ce deuxième livre, beaucoup plus abouti que le précédent. C’est injuste pour Manuel Benguigui, dont on salue avec bonheur l’entrée officielle – et réussie – dans le cercle fermé des Auteurs.

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