Rien à voir avec l’amour de Claire Gallen raconte sept jours, du 8 au 14 juillet, dans la vie de Sandra, la narratrice. Au gré de flashbacks judicieux et du déroulé de la semaine, on reconstitue petit à petit le fil de l’histoire. Le roman est paru aux éditions du Rouergue.
Le mariage de l’héroïne avec Rodolphe, quinze ans plus tôt, sa passion pour Samuel, l’ex-meilleur ami du mari. Puis le départ de Rodolphe, que Sandra n’a plus vu depuis des années. Mais qui réapparaît soudain en ce mois de juillet, à cause d’une sombre histoire de chantage. Et qui découvre, à cette occasion, que Sandra voit toujours Samuel, devenu patron d’une boîte de nuit miteuse dont Sandra tient le vestiaire pour un salaire de misère.
Ces deux-là entretiennent une relation sexuelle triste, pleine de colère, d’insulte et de violence. Entre ces trois protagonistes, une absente : Marie, la fille de Sandra et de Rodolphe, morte un 14 juillet à l’âge de quatre ans. Et puis Noémie, une jeune punk à chiens, bien vivante elle, recueillie par Sandra, mais qui couche avec un Samuel toujours intéressé par les très jeunes femmes.
Par son écriture précise, sans fioritures, marquée par le choix du mot juste, Claire Gallen excelle à décrire l’atmosphère poisseuse où baignent ses personnages et à nous y plonger. Rien à voir avec l’amour distille habilement les bribes d’information, passant avec fluidité du présent des personnages à leur trouble passé. Elle construit ainsi un suspense qu’elle entretient savamment, tout en conduisant à son inéluctable dénouement et à la révélation de secrets depuis longtemps enfouis. Sombres secrets, bien sûr – et inavouables.
On dit souvent du deuxième roman qu’il est le plus difficile dans la carrière d’un écrivain. Quatre ans après Les Riches heures, Claire Gallen passe le test haut la main avec Rien à voir avec l’amour.