Les loyautés, nouvelle pépite de Delphine de Vigan

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C’est un roman choral audacieux et acéré que Delphine de Vigan nous propose pour cette rentrée de janvier chez Lattès. Le titre, Les loyautés, en est comme l’explication de texte permanente que l’on se rappelle tout au long de la lecture pour faire résonner les mots à sa lumière.

L’histoire de Théo ouvre le livre. A douze ans, en compagnie de son ami Mathis, il s’envoie déjà des litres d’alcool. A la récré, caché quelque part au collège. L’un de ses professeurs, Hélène, a remarqué que quelque chose clochait, mais elle ne saurait dire quoi.

Elle aussi a une histoire lourde, qu’elle essaye d’étouffer sous une vie quotidienne normalisée. Un père violent, de graves blessures, une opération aux répercussions dramatiques… On entend aussi les voix de Cécile, la maman de Mathis, qui vient de découvrir quel terrible personnage se cache sous les traits – qu’elle croyait – familiers de son mari…

Quant au petit Théo, on découvre avec effroi sa situation familiale. Des parents divorcés, une grade alternée, un père au chômage qui touche le fond, en grande dépression. Une mère en colère qui ne veut pas savoir ce que son fils vit une semaine sur deux.

Au fil de la lecture des Loyautés, on est tour à tour attristé, effrayé, choqué par ces situations mortifères dans lesquelles ces personnages s’immobilisent. Des effluves de mort imminente, de drames sous-jacents, de torture psychologique et d’horreur au quotidien, s’échappent de ces portraits terribles. Eux, en apparence si stables, ou tout du moins rangés, pourraient être nos voisins, nos collègues, nos amis. On côtoie chaque jour ce type de mystère, qui peut cacher le pire. Et nous-mêmes, à quel point nous complaisons-nous parfois dans des situations dont on sait qu’elles n’apporteront rien de bon ?

Comme à son habitude, dans Les loyautés, Delphine de Vigan pose les questions qui fâchent. Elle dresse avec force et acuité des portraits révélateurs d’une société malade et en prise avec ses démons. Une société qui ne sait comment se débattre, le drame d’un côté, l’immobilisme de l’autre. et cette fichue loyauté qui fait qu’on va parfois trop loin.

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