Assassins d’avant est le nouveau livre d’Élisa Vix, publié en septembre dernier au Rouergue. Un polar qui mêle énigme et romance de manière efficace.
L’entrée en matière mêle classiquement énigme et romance : une jeune femme vient au commissariat, demande à interviewer un policier et lui révèle qu’elle est en réalité à la recherche d’explications sur la mort de sa mère. Une institutrice de CM2, jolie, souriante, aimée de tous, qui a été tuée par un de ses élèves en plein cours par une balle dans le dos. Le policier, déjà séduit par son physique, lui rappelle que le meurtrier a été facilement trouvé, l’affaire classée sans suite car en s’enfuyant de l’école ce dernier s’est fait renverser par une moto et a été tué sur le coup
Mais cela ne suffit pas à Adèle. Elle veut comprendre comment cela a pu arriver. Comment un enfant de dix ans a pu venir avec une arme en classe. Comment il a pu vouloir tuer une maîtresse que tous ses élèves adoraient.
Le policier, Manuel, pourrait balayer cette femme d’un revers de main, l’envoyer paître et retourner à son quotidien. Mais le charme agit déjà. Il lui promet donc de l’aider dans ses recherches, avec l’unique intention de la revoir.
Enquête policière et histoire romantique se développent de pair dans Assassins d’avant. L’écriture est fluide, concise, avec quelques comparaisons bien placées. Efficace, en somme. Malheureusement, pour moi, le suspense s’est effondré dès le début, avec un indice de trop distillé après la première rencontre de Manuel et d’Adèle. Je ne dirai pas lequel, pour vous éviter la même mésaventure, mais par la suite, toute l’intrigue était pratiquement cousue de fil blanc à mes yeux. Cela ne m’a pas enlevé tout intérêt pour la lecture car restait la question de savoir comment Élisa Vix allait en arriver à dévoiler l’identité du coupable, et par quels chemins. Là je n’ai pas été déçue car les péripéties sont bien ficelées, certains rebondissements inattendus, et certaines fausses pistes sont très crédibles, ce qui a suffisamment relancé ma curiosité pour que j’atteigne la fin sans peiner. J’ai apprécié la déconstruction de l’image sans tache de l’institutrice, par différentes révélations et le fait qu’Élisa Vix ne vire pas non plus à l’autre extrême, dévoile ses failles sans ôter la sympathie que le lecteur a pour elle. Et inversement, montre la part d’humanité et de bonté d’autres personnages qu’on croit au début être égoïstes et sans cœur ou peureux et faibles.
L’écriture d’Assassins d’avant est entraînante, le style effilé, la narration efficace et les portraits des différents personnages bien brossés. Lisez juste ce livre comme un policier, pas comme une histoire d’amour. Cette dernière n’est que l’alibi donné à l’intrigue, au fond.
« Une biche qui a besoin de mon aide, susurre-t-elle de ses lèvres si rouges. Elle répète, elle veut comprendre et je suis le seul à pouvoir l’aider.
Adèle marque une pause dans l’attente d’un consentement qui ne vient pas. Elle se lance quand même : pour commencer, elle voudrait les PV d’audition des enfants.
J’émets un sifflement ironique. Une vingtaine de PV, vieux de vingt-cinq ans ! Rien que ça ?
Les yeux de biche pas si fragile ne cillent pas. Celui du directeur aussi… S’il vous plaît. »