Je serai ta cage et ta forêt : quand on se laisse ensorceler…

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Nous vous proposons aujourd’hui la critique de Je serai ta cage et ta forêt, roman auto-édité de Joséphine Lanesem. Véritable phénomène de société, l’autoédition permet à de nombreux auteurs de se lancer sur le marché du livre sans passer par la moulinette des grandes maisons, qui croulent sous les manuscrits. En se plongeant dans cet océan, on peut recueillir de véritables pépites qui n’attendent qu’un lecteur attentif pour se laisser dévorer.

Découvrons le recueil de nouvelles de Joséphine Lanesem, Je serai ta cage et ta forêt, publié chez Bookelis, que l’on peut retrouver en ebook ou papier sur les sites d’Amazon ou de la FNAC, entre autres. Bien que l’auteur reste volontairement anonyme, on peut avoir un aperçu de son univers si particulier sur son site josephinelanesem.wordpress.com.

Ce premier livre publié par Joséphine a été écrit en une saison (mars à mai 2016) et selon un procédé tout à fait original. L’auteur a demandé à ses proches et amis, ceux qui ont marqué de près ou de loin sa vie, de lui donner cinq mots. Ils pouvaient être « concrets ou abstraits, accidentels ou universels, inusités ou ordinaires ». À partir de ces mots, elle écrit une histoire, ou chacun peut y lire ce qu’il souhaite, retrouver des morceaux de soi, de l’auteur, de chacun. Il y a mille façon de lire ce recueil : en piochant parmi les nouvelles au gré de ses envies, en se fiant aux titres joliment évocateurs (Sang-cœur, Plumes, plantes et pluie ou encore Dans le brouillard), en s’inspirant des cinq mots d’origine (en sommaire à la fin du livre), ou encore en s’amusant à deviner ces mots (certains se retrouvent plusieurs fois, comme mer, bateau ou amour).

Les histoires elles-mêmes sont comme autant de contes poétiques qui tantôt nous bercent et tantôt nous frappent. Lumière et ténèbres, Eros et Thanatos, tout se mêle, porté par une écriture fine et imagée, des phrases que l’on a envie de toutes noter dans un joli carnet pour les relire et les emmener partout avec soi. Je serai ta cage et ta forêt est un vrai moment d’évasion qui nous permet d’échapper à notre réalité pour plonger aux côtés de Joséphine dans des mondes où Ismaël veut réveiller sa fiancée Lune l’endormie, où Simplette en fuite se lie d’amitié avec un merle, où les siamoises Mia et Noée cherchent leur place dans un pays en guerre, où deux petits frères partent à la chasse aux fées… Une galerie de personnages troubles et attachants, certains thèmes se dessinent, se font écho, l’auteur de Je serai ta cage et ta forêt possède une voix singulière et que l’on ne saurait oublier.

Une merveille à ne pas louper.

Extrait

« Il lui parle de ses projets et de ses difficultés, lui demande si l’ennui ne vient qu’aux ennuyeux, de quelle couleur elle voit la mer, si mentir l’amuse. Elle lui répond par aphorismes et métaphores, la parole raccourcie en images. Cette manière lui est venue à force de dormir. Comme si le sommeil court-circuitait le cerveau, et la pensée va plus vite, par associations et condensations.
Lune aime Ismaël comme rarement on aime. Elle pense qu’il est le soleil roulé sous la mer, illuminant les merveilles multicolores des profondeurs. Elle ne le lui dit pas parce qu’elle pense qu’il sait, mais il ne sait pas. »

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