A la fin le silence : la mort puis la vie, de Laurence Tardieu

0

A la fin le silence est le roman que nous propose Laurence Tardieu pour cette rentrée littéraire aux éditions du Seuil. Après Le jugement de Léa, Puisque rien ne dure et Une vie à soi, A la fin le silence s’apparente plus à un essai littéraire qu’à une fiction. S’il n’est pas le livre le plus joyeux à découvrir en cette rentrée, il mérite que l’on s’y arrête.

A la fin le silence, c’est deux livres dans un seul. Celui que Laurence Tardieu avait le projet d’écrire sur sa maison de famille bientôt mise en vente. Un livre sur ses souvenirs d’enfance, l’insouciance et le sentiment d’injustice de perdre un repère essentiel à sa vie, un cocon que rien ne saurait remplacer.

a-la-fin-le-silenceMais les attentats de janvier sont venus perturber ce projet. Car comment dorénavant écrire sur l’insouciance, l’impression de sécurité absolue et le bonheur d’une enfance sans nuage, alors que la sécurité semble s’être envolée pour toujours, obligeant ses propres filles à abandonner cette innocence des allées et venues sans danger, en toute quiétude et en toute liberté ?

Bien sûr, on se souvient de ce que l’on a ressenti lors des attentats de janvier. En se recroquevillant sur elle-même et sur ses sentiments, Laurence Tardieu parle à tout un chacun. A la fin le silence restera un livre important, en ce qu’il a capté ce moment de nos vies, que, cloitrés chez nous ce jeudi soir, nous avons tous en commun. Laurence Tardieu, incapable d’écrire le premier livre tel qu’elle l’avait prévu, a bien fait de mêler les deux. Le livre met en parallèle des émotions aussi antinomiques que puissantes. De celles qui forgent, finalement, les personnes successives que nous sommes. Le bonheur fondamental dune maison d’enfance, que l’on va continuer de chercher toute sa vie. Puis la peur fondamentale de mourir, ne reculons pas devant les mots.

A la fin le silence ne cesse de mettre en parallèle la vie et la mort. La vie quotidienne qu’elle mène avec sa famille, qui sera ébranlée, choquée, par des morts brutales. La vie joyeuse d’étés passés dans une maison de campagne, blessée, cassée, par la mort de la mère. Autre élément troublant qui compare encore une fois dans ce livre, la vie et la mort : la narratrice est enceinte. Alors qu’elle a peur pour sa vie, elle est en train d’en créer une autre.

A la fin le silence se détache de par le style de l’auteur, pointu, qui parvient à nous faire ressentir les choses avec une justesse à souligner. Il se détache également de par son intention. Si écrire sur sa maison d’enfance, puis sur les attentats, a été une manière pour l’auteure d’essayer de digérer – ou comme l’anglais l’exprime bien – to process, on la remercie d’avoir tenu à nous en faire part.

About Author

Leave A Reply