Megan Abbott signe aux éditions du Masque son tout nouveau polar : Avant que tout se brise. Devon Knox est une jeune gymnaste prodige de 15 ans. Toute sa famille la suit fiévreusement d’une compétition à l’autre, se ruinant en justaucorps et accessoires, avec en ligne de mire les jeux olympiques.
Tout commence avec un terrible accident de tondeuse à gazon qui ampute la petite Devon de deux orteils. Depuis, tout est mis en place pour faire de cet handicap un atout. Les parents se lancent dans une course effrénée vers la victoire, comme une rédemption ? Depuis la défaite de Devon aux qualifications Elite Junior, Coach T. la pousse dans ses derniers retranchements, pour la faire passer directement Elite Senior.
A quelques semaines des qualifications fatidiques, tout le gymnase de Belstars est bouleversé par la mort du beau Ryan, une figure emblématique de ce petit monde clos, courtisé par les mères, adulé par les adolescentes, et petit ami de la nièce de Coach T. Devon, impassible, continue l’entraînement. Cet incident va faire éclater habitudes et certitudes de la famille Knox et de toute la communauté des jeunes gymnastes. Jusqu’où est-on prêt à aller pour la victoire ? A quel prix Devon payera-t-elle ses rêves de grandeur ?
Comme dans Vilaines filles, Megan Abbott dépeint avec précision et une certaine exaltation le corps des sportives, dans toute son implacable perfection. De nouveau, des affaires de meurtres et de mensonges, des affaires d' »adultes », viennent perturber le monde fermé de jeunes filles aux rêves plus grands qu’elles.
On s’attache davantage à la mère de Devon, Katie, qu’à cette dernière, plutôt atypique et froide pour une jeune fille. Si le style de Megan Abbott n’est pas très affirmé, et le dénouement quelque peu prévisible, Avant que tout se brise se lit très vite et on se retrouve fasciné par cet univers confidentiel de la gymnastique haut niveau. On a envie de résoudre l’enquête mais surtout de savoir si Devon passera Elite Senior après tant d’efforts.
Dans des moments de fierté parentale, trop nombreux pour qu’on puisse les compter, Eric et elle racontaient qu’ils sentaient Devon dans le ventre de Katie, son corps se cabrait et se trémoussait, il leur faisait une promesse.Très vite, il se mit à donner des coups de pied. Avec une telle vigueur qu’une nuit Katie fut réveillée par un claquement sec et, le souffle coupé, se plia en deux de douleur. Eric, impuissant, regardait l’estomac de sa femme convulser comme s’il abritait un alien terrifiant.
Qu’y avait-il donc en elle ? se demandèrent-ils. Une côte saillait de son sternum, déplacée dans son sommeil.
Ce n’était pas un alien, mais une chose extraordinaire.
C’était Devon, une merveille, un prodige, une étoile.