Chemins de liberté, la Résistance ordinaire lors de la Seconde Guerre Mondiale

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Dans Chemins de liberté, paru le 11 mai, aux éditions du Rouergue, Serge Revel nous emmène dans le quotidien de ceux qui sont entrées dans la Résistance comme par évidence. Il nous conte l’histoire d’une famille ordinaire dans un petit village. Une famille qui paiera le prix de ses convictions et de la liberté. Un récit sans fioritures, ni concession qui retrace avec fidélité tout à la fois les errances et la grandeur d’âme de la population française dans cette époque troublée que fut la Seconde Guerre Mondiale.

Vétéran de la Première Guerre Mondiale, Louis-Joseph est une gueule cassée mais aussi un instituteur qui croit en la possibilité d’un monde meilleur et d’une société plus juste. Mais le voile de la Seconde Guerre va tomber sur ses espoirs. Il voit sa famille prise peu à peu par la tourmente de la guerre. Ses fils mobilisés et rapidement prisonniers dans la débâcle française qui prennent rapidement le chemin de la Résistance. Tout comme sa fille Rosine, fraîchement agrégée de Lettres Modernes. Un miracle pour une femme à l’époque. Les haines qui surgissent, qui se tissent comme un piège dans son petit village. Les amis que l’on cache, les étrangers que l’on sauve et peu à peu, comme une évidence, ce mot qui monte aux lèvres : refuser. Refuser la barbarie, la soumission, l’injustice, la honte. Refuser et résister malgré le dégoût de la guerre.

chemins-de-liberteChemins de liberté est un récit intelligent. Simple, fluide, clair et intelligent. Principalement parce qu’il aborde les choses du point de vue de Louis-Joseph. L’instituteur, l’homme instruit et l’homme meurtri. Celui qui a connu la guerre et qui en porte dans sa chair les outrages. Celui qui voit tous les jours son frère Clément, dont l’esprit n’a pas su revenir des tranchées et de tant d’horreur. Louis qui passe ce Noël de 1939, sans ses deux fils mobilisés au Front. Louis qui a juré de ne plus toucher une arme. Chef de famille, il est notre fil d’Ariane dans ce roman. Celui qui veut protéger les siens et surtout celui qui honnit la guerre.

Autour de lui gravitent différentes personnalités dont les opinions divergent singulièrement quant à la situation. Ceux qui en profitent. Ceux qui la fuient. Ceux qui la refusent. Au fil du récit, par le biais des lettres, des propos, du journal de Louis, les voix se mêlent pour nous composer un panorama complet de l’état d’esprit de la population française face à l’Occupation, à la guerre, aux Juifs.

Et au centre de tous, la famille de Louis dont chaque membre à sa façon va choisir un chemin de liberté. A travers eux, c’est un témoignage touchant à la mémoire de tous ces héros ordinaires de la Résistance que compose Serge Revel. C’est le quotidien de ces hommes et femmes de l’ombre pour qui résister et aider, fut l’évidence qu’il nous conte dans Chemins de liberté. Les angoisses, les représailles, la force des convictions, les risques, le moindre petit acte qui compte, le besoin d’agir, le besoin d’aider ceux qui frappent à votre porte…

Sans tomber dans l’excès de pathos auquel la tragédie de la situation pourrait porter. Sans surcharger le récit de détails historiques qui pourraient l’étouffer. Sans esprit moralisateur. Serge Revel raconte et son roman est émouvant, édifiant. On se laisse volontiers porter par sa plume pour rejoindre Louis au cœur de la guerre.

Au fur et à mesure que l’Histoire s’emballe, le destin de la famille de Louis s’affole. L’étau se resserre. Et avec angoisse, on se demande quel sera le prix à payer pour cette famille au nom de la liberté, et quel a été le prix pour toutes les autres qui ont suivi ce chemin.

 « J’ai honte et presque tout le village semble rassuré. La guerre est finie, on ne recommencera pas comme en 14, une guerre interminable. Tant pis pour la défaite. Pétain nous a sauvés du pire. On va pouvoir revivre, vivre comme avant, tranquilles, et puis les Boches ne sont pas là. Paris c’est loin.  La vie reprend, vive la paix… J’en suis par moments à me demander s’ils n’ont pas raison mais Noël, Rosine et Jacques, même absent, me remettent sur un autre chemin, sur celui du refus »

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