Freddie Friday, nouveau roman d’Eva Rice entre danse et adolescence

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Après Londres par hasard, les Éditions Baker Street signent à nouveau avec Eva Rice et publient Freddie Friday. L’ouvrage nous livre les destins croisés de Freddie, un électricien de milieu ouvrier féru de danse, Marnie, la riche belle-fille d’un acteur célèbre et Miss Crewe, professeur de mathématiques et ancienne danseuse.

Le jour où Marnie apprend qu’elle a eu 100 % de réussite à son examen de mathématiques, elle se sent si invincible qu’elle décide de boire et de se rendre en ville avec sa camarade de pensionnat Rachel. Les deux adolescentes croisent Freddie Friday devant l’usine de céréales locale. Cet acte de rébellion leur coûtera le renvoi de l’établissement privé St Libby, malgré les efforts de la professeur de mathématiques Miss Crewe.

Freddie Friday-crg.inddMarnie reste hantée par sa rencontre avec Freddie Friday et est encore plus séduite par le personnage lorsqu’elle découvre qu’il danse, et bien. Elle décide alors de convaincre Miss Crewe de lui donner des cours. Le trio inattendu se retrouvera tous les samedis. L’occasion pour Freddie d’espérer sortir de sa condition sociale et suivre son rêve, pour Marnie de vivre un premier grand amour et pour Miss Crewe de faire la paix avec son passé de danseuse.

Il y a plusieurs points noirs à signaler à propos de Freddie Friday. L’histoire n’est pas très originale (fans de Dirty Dancing, suivez mon regard…), le rythme est lent, on regrette de ne revoir Freddie une deuxième fois qu’au bout de 40% du livre. Les drames s’accumulent et paraissent trop « lourds » par rapport à la légèreté d’autres thèmes (alcoolisme de Marnie, accident de Rachel, face aux premiers émois adolescents de Marnie, et Miss Crewe).

Eva Rice

Eva Rice

L’écriture et l’histoire nous apparaissent comme immatures. On a la forte impression que l’on a entre les mains un roman pour adolescent. Le style est maladroit et rend le tout assez plat. La lecture est plutôt laborieuse et on ne s’attache pas nécessairement aux personnages, surtout pas à une Miss Crewe, assez fatigante par son incapacité à se défaire de son passé des dizaines d’années après les faits. Seule la fin de Freddie Friday permet au lecteur de sortir de sa torpeur avec un enchaînement de péripéties et de réponses à certaines énigmes. Les scènes de danse sont plutôt bien rendues, ainsi que l’atmosphère d’une petite ville de province avec ses différences sociales, ses établissements privés et ses garden parties. Une lecture assez décevante mais qui donne tout de même envie de lire le livre précédent de l’auteur.

— La danse, dis-je, perplexe, vous étiez danseuse, Miss Crewe ? »
Elle secoua la tête, comme irritée contre elle-même – comme si, malgré elle, elle avait prononcé la réplique de quelqu’un d’autre.
«  Oui, autrefois. Je voulais être danseuse. Avant de devenir enseignante. Quand j’étais jeune.
— Vous n’êtes pas vieille », m’écriai-je. Je mourais d’envie d’en savoir plus, mais Miss Crewe fut prise d’une activité soudaine.
Elle saisit une liasse de papiers, la reposa et toussa. « Ce qu’il y a, c’est qu’on a intérêt à faire ce qu’on a envie de faire, vu que…comment dire… quel intérêt y-a-t-il à ne pas le faire ? »

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Un commentaire

  1. Je pense que par rapport aux deux précédents romans, j’ai été un peu déçue (« L’amour comme par hasard » et « Londres par hasard ») – Toutefois, pour avoir lu les précédents romans qui se passent après la guerre, en 1954-55 pour le premier et 1962 pour le deuxième, on peut concevoir qu’elle poursuit son avancée dans le temps.

    La ville de province n’est pas anodine non plus, Welwyn gardens city est une réalisation pionnière en matière d’architecture et d’urbanisme, une vaste cité jardin signée Ebenezer Howard, (après Letchwortch)… Mais c’est un peu noyé dans le reste (quoique l’urbanisme et le patrimoine sont un des thèmes constants chez Eva Rice).

    C’est sans doute un roman pour adolescents, mais qu’on peut lire avec un certain plaisir… Un peu brouillon en effet, pourtant, à travers l’histoire de Miss Crewe, et l’histoire de Marnie, il y a un continuum…

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