Six femmes, thriller de Tina Seskis : amitiés mortelles

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Six femmes est le deuxième roman de l’anglais Tina Seskis, qui vient de paraître au Cherche Midi. L’auteure propose un thriller efficace et maîtrisé. « La soirée promettait d’être douce, un temps idéal pour un pique-nique, même un pique-nique voué au désastre. » La première phrase donne le ton : des retrouvailles qui vont mal se finir.

Ce sont six amies de fac, six amies très différentes les unes des autres que la colocation sur le campus avait réunies, et qui aujourd’hui, ont chacune suivi leur chemin, se sont éloignées, mais persistent à vouloir réchauffer leur amitié sans plus y croire, à la faveur de retrouvailles annuelles. Ce soir, c’est au bord du lac Serpentine dans Hyde Park, qu’elles se retrouvent autour d’un pique-nique.

Le narrateur suit tour à tour chacune de ces femmes tandis qu’elles se préparent ou sont en route pour le pique-nique, puis raconte en alternance, chapitre après chapitre, le déroulé de la soirée, et en flash-back plusieurs événements marquants de la vie de l’une ou l’autre femme, qui nous montrent à quel point leurs existences sont entrelacées, entre la maladie du mari de l’un, la mort du père de l’autre, une troisième qui a été adoptée, les liaisons adultères, les mensonges, les jalousies, les trahisons… À partir du moment où le cadavre de l’une d’entre elles est retrouvé au fond du lac, quelques jours après la soirée, les événements s’accélèrent, les flash-backs aussi, jusqu’à la dernière partie qui lève enfin le mystère.

six-femmesCertains rebondissements sont bien ficelés, les personnages des six femmes sont attachants, mais leurs maris sonnent tous un peu cliché. L’obsédé sexuel, le gentil, l’indécis, le sans scrupules… les ficelles sont un peu grosses et on pressent vite certaines évolutions. Tina Seskis a également bien catégorisé chacun de ses personnages féminins, entre l’écervelée au grand cœur, la femme fatale sans attaches, la carriériste, la veuve éplorée, la paumée, la bon chic bon genre… et le cliché est parfois un peu gros, de nouveau. D’autant plus que ces femmes sont censées approcher de la cinquantaine ; mais tout du long j’ai eu l’impression qu’il s’agissait de jeunes femmes.

Cependant, le récit est bien conduit, enlevé, le suspense est efficace. Je n’ai pas vu les pages tourner pendant la moitié du livre ; j’ai ralenti un peu pendant la seconde moitié car le personnage de Juliette, puis l’histoire de Nigel et d’Alistair étaient trop superficiels pour moi, et le personnage de Stephen trop unidimensionnel. Mais le récit a réussi à me tenir en haleine jusqu’à la fin, car l’auteur a savamment su repousser la révélation finale jusqu’aux dernières pages.

Six femmes est un bon moment à passer, une intrigue efficace, avec peut-être un peu trop de personnages et un peu d’éparpillement des différents fils, mais il maintient son lecteur sur les dents jusqu’au bout et dévoile quelques beaux rebondissements. La distraction parfaite pour un après-midi de printemps sur l’herbe !

« Sissy remarqua que Renée ne se levait pas pour les accueillir (vautrée par terre, elle marmonna juste « salut ») et que, curieusement, Juliette s’excitait à déplier les chaises (c’était déjà fait, non ?) au lieu de s’avancer gentiment vers les nouvelles venues. Quant à Siobhan, elle continuait à bouder dans un coin, sans qu’on sache exactement pourquoi. Tout cela créait une ambiance si bizarre, si décalée qu’on aurait eu du mal à imaginer que ces femmes avaient été les meilleures amies du monde autrefois – à les voir se comporter ainsi, Sissy, qui avait le don de renifler les emmerdes, comprit que sa première intuition avait été la bonne : elle aurait dû se décommander. »

 

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