L’Inconnue du quai de l’américaine Mary Kubica, paru le 13 avril aux éditions Mosaïc, est un subtil thriller psychologique complètement addictif, qui nous emmène bien plus loin qu’on ne pourrait le supposer. Page après page, on est totalement happé par cette histoire, suspendu à cette question : qui est réellement l’inconnue du quai ? Tout cela a-t-il une chance infime de bien se terminer ?
Chris et Heidi composent un couple qui se fissure lentement, hanté par un drame désormais silencieux, érodé par l’indifférence qui s’est installée entre eux. Entre un mari qui s’enferme dans son travail et une adolescente qui se mure dans la rébellion de son âge, Heidi se sent perdue, presque inutile, désemparée. Jusqu’au jour, où son chemin croise celui de Willow sur le quai de la gare Fullerton de Chicago. Que fait cette adolescente, seule dans la rue, avec un bébé, par un temps pareil ? Le cœur d’Heidi ne peut résister à une telle image et, sur une impulsion, elle ramène Willow chez elle. Se faisant, elle n’a pas conscience de l’amplitude du séisme qu’elle va déclencher dans son existence.
Il est impossible de ne pas se laisser prendre à la toile tissée avec subtilité par Mary Kubica dans L’Inconnue du quai, tant la finesse de son écriture nous empoigne dès les premières lignes. Chapitre après chapitre, on s’accroche aux voix d’Heidi, de Chris et de Willow. Les parcours de chacun se dessinent, les blessures apparaissent, des pistes s’esquissent, se dérobent et le drame se noue inexorablement. Qui est véritablement Willow, l’inconnue du quai ? Quels démons va-t-elle réveiller dans le foyer d’Heidi ? Plus les pièces du puzzle se mettent en place, plus les questions nous taraudent et monte l’angoisse.
Mary Kubica nous tient en son pouvoir au fil des lignes, jouant avec maestria de la psychologie de ses personnages, des éléments qu’elle nous dévoile au compte-goutte et des allers-retours dans le temps. Si l’on s’attache dès le début à Heidi, touchante dans son empathie maternelle envers Willow, sa volonté d’aider, rapidement les figures se troublent et l’on comprend que dans cette histoire, personne n’est réellement blanc ou noir. L’attitude renfermée et étrange de Willow sème le trouble dans l’esprit du lecteur, pourtant on en vient à se demander d’où viendra le coup qui fera fatalement basculer la situation.
Du début à la fin de L’Inconnue du quai, Mary Kubica ne cède pas un pouce de terrain, nous maintenant en haleine, faisant monter habilement la pression à chaque nouvel élément. Baignant une sourde angoisse, on est pourtant incapable de lâcher le livre, fasciné par la collision singulière de ces destins. Indéniablement, L’Inconnue du quai est une réussite. Un coup de cœur qui donne envie de découvrir les autres ouvrages de l’auteur.
« Une fois sa tâche terminée, Heidi avait rendu le bébé à Willow, qui l’avait attrapé maladroitement, sans l’expérience évidente de Heidi, sans cet instinct maternel censé être inné chez les filles. En la voyant porter ce petit comme un sac de pommes de terre, je me suis demandé si cet enfant était vraiment le sien. »
Un commentaire
Pingback: L’Inconnue du Quai.