Alice change d’adresse, un thriller psychologique de Michel Moatti

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Alice change d’adresse est le nouveau thriller de Michel Moatti, fraîchement paru chez HC éditions. L’auteur nous fait naviguer en eaux troubles et sème le doute dans l’esprit du lecteur au fil de ses déambulations.

Une mère, son fils, une balade, une écluse, un orage et tout bascule. En quelques secondes, le monde s’écroule pour Alice qui ne parvient pas à sauver son fils. Quelle mère pourrait vivre avec ce poids ? Pas Alice qui décide de se suicider… mais elle se réveille cinquante-trois jours plus tard dans une maison de repos. Dès lors, elle commence à compter les heures qui la séparent de sa prochaine tentative… jusqu’à ce qu’un mystérieux officier de  police en convalescence vienne  lui parler, avec une bien étrange théorie dans sa besace. Pour lui, Franck est vivant…

alice-change-adresseDans une ambiance paradoxalement glaçante, Alice change d’adresse est un thriller qui joue avec nos émotions et surtout notre capacité d’empathie. En effet, comment ne pas se sentir touché par cette mère qui a vécu le drame de se retrouver impuissante face aux éléments. Incapable de porter secours à ce qui lui était le plus cher.

Lentement, au fil des pensées embrumées d’Alice, dans cet univers médical indifférent et froid, les pièces du puzzle se mettent en place et les questions tissent implacablement le fil de l’intrigue. Qui est ce Van Dern ? Pourquoi lui propose-t-il son aide ? Et surtout, se pourrait-il qu’il ait raison ? Le cœur en bandoulière, on se lance à la suite d’Alice et de Van Dern sur la piste de Franck, s’accrochant au moindre indice, analysant chaque élément.

Piégés dans les eaux sombres et boueuses du drame de cette écluse, on patauge dans le tourbillon de cette enquête. Jouant des fausses pistes et des zones d’ombres, Michel Moatti manipule nos doutes et nos certitudes, jusqu’à ce que piétinant, on en vienne à s’interroger. Van Dern est-il vraiment celui qu’il prétend être ? Les éléments qu’il avance existent-ils réellement ? La voix de Franck surgissant dans le récit sème un peu plus la confusion. L’adolescent serait-il en vie, séquestré quelque part ? Ou n’est-ce que la raison d’Alice qui dérive, rongée par l’espoir de revoir son fils ? Qui de la suicidée ou du flic convalescent est encore lucide ?

Michel Moatti

Michel Moatti

Sur la couverture, une silhouette féminine se reflétant dans une eau sombre semble nous narguer. Est-ce Alice penchée sur ses souvenirs ? Ou la mystérieuse inconnue de Van Dern qui hante les pages et qui détiendrait la clef du mystère ? On dérive entre les pistes qui s’entremêlent et qui se perdent, naviguant dans l’esprit embrumé d’Alice, s’accrochant à l’idée que Franck serait là, quelque part, au détour d’une page.

Si Michel Moatti mène le récit d’une main de maître, jouant avec nos nerfs et notre sens de la déduction, brouillant les pistes à la perfection,  le dénouement final laisse pourtant un arrière-goût amer de « déjà vu » ou « déjà-lu ».  On a  une étrange sensation de vide. Comme si l’on avait passé des heures à saliver en humant l’odeur d’un fondant au chocolat, promettant mille plaisirs et qu’une fois servi le cœur du fondant était trop cuit.

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