Mathias Malzieu est chanteur, compositeur, écrivain, poète, mais avant tout artiste. Touchant, drôle et sensible, il nous livre une expérience très personnelle et éprouvante, sa descente aux enfers, à travers un journal : le Journal d’un vampire en pyjama paru en janvier aux éditions Albin Michel. Le journal de sa résurrection.
À la fin de l’année 2013, le groupe Dionysos enregistre le clip de Jack et la mécanique du cœur, B.O. du film éponyme, tiré du livre de Malzieu (Flammarion, 2007). Les prises se multiplient et le chanteur sautille et s’époumone, au propre comme au figuré. Il cherche péniblement les atomes d’oxygène, sa tête tourne, le moindre effort a un coût colossal. Le souffle court, il termine la journée avec une résolution : il est temps d’aller voir un médecin.
Rapidement, la machine se met en branle et le pronostic vital est engagé. Mathias Malzieu est atteint d’une maladie auto-immune. Son teint est pâle, très pâle. Le taux de globules rouges dans les chaussettes, il a besoin d’être transfusé rapidement. Et puis encore. Et encore. Il a à présent besoin du sang des autres pour vivre. Plus de doute, il est devenu un vampire… Mais pas n‘importe quel vampire : un vampire en pyjama. Car ses globules blancs aussi sont en chute libre. Le moindre microbe peut lui être fatal alors il lutte dans son salon en pyjama, une tenue de combat appropriée.
Pour survivre, et espérer un jour guérir, le moral est primordial. Bien entouré, Malzieu s’abandonne à ce qu’il aime, ce qu’il fait sans doute le mieux : la création. Il écrit, compose, chante, gratte, enregistre, tape. Tout est bon. Et il se lance dans un journal, un journal plein de vie pour lutter contre la mort, toujours présente, toujours pressante.
Ce Journal d’un vampire en pyjama, qui couvre une année de combat courageux, il nous le livre pour notre plus grand bonheur. Il y a fort à parier qu’il aidera d’autres personnes atteintes de maladies graves à voir qu’il est possible de s’en sortir. Mais il montre également à chacun une merveilleuse leçon de courage face aux difficultés. Le tout sans jugement, mais avec beaucoup de tendresse et d’humour. Car, au-delà des diagnostics alarmants, des visites répétées à l’hôpital, du parcours compliqué pour trouver un donneur compatible, des termes techniques, des actes médicaux et des chambres stériles, c’est surtout une tranche de vie formidablement bien racontée. Le lecteur n’a pas envie de s’apitoyer, il sourit plutôt. Pas une page sans son lot de souffrances bien sûr. Mais pas une page surtout sans humour et poésie. On se laisse emporter dans un univers déjanté et tendre et on vogue aux côtés d’un malade bien sympathique, soigné aux petits oignons entre les mains des nymphirmières et de son amoureuse. Avec le soutien de son père aussi, et de sa sœur. Et de quelques proches, ceux qui n’ont pas quitté le navire aux premières bourrasques.
« Me faire sauver la vie est l’aventure la plus extraordinaire que j’aie jamais vécue », écrit-il en quatrième de couverture. C’est aussi une formidable aventure qu’il nous fait partager à travers un univers très personnel et fantastique, dans tous les sens du terme.
Quelques liens :
Le clip de la chanson « Vampire de l’amour »
Le site du Vampire en pyjama