Paru en 1925, Gatsby le Magnifique de F. Scott Fitzgerald est un récit subtilement agencé, qui entraîne le lecteur en immersion au cœur des années folles, sous le charme du mystérieux et séduisant Gatsby. Si le roman est boudé par le public lors de sa parution, il s’imposera pourtant au fil du temps comme le plus fidèle reflet de son époque.
Printemps 1922, Nick Carraway décide de quitter son Middle West natal pour monter à New-York y apprendre le métier de courtier. Installé dans la banlieue de West Egg, il retrouve dans le quartier chic voisin une lointaine cousine Daisy et son époux Tom. Mais surtout, il fait la connaissance de son mystérieux voisin, Jay Gatsby. Depuis sa maison, Nick n’a de cesse d’observer les fêtes fastueuses organisées par personnage singulier, sur lequel courent les plus folles spéculations. Train de vie somptueux, vie mondaine, investissements juteux, qui est véritablement Gatsby ? Quel secret cache-t-il ? Au fil des réceptions et des rencontres mondaines, Nick va se retrouver, malgré lui, mêlé aux dessous de la vie de ce personnage énigmatique.
Ce n’est pas le secret qui se cache derrière ce personnage de Gatsby qui fait, à proprement parler, tout l’intérêt de ce roman éponyme. C’est plutôt tout ce qui se construit et se joue autour. Par le biais du regard de Nick, nous découvrons les méandres de la bonne société de l’époque et le jeu des relations sociales. Ce sont les codes et les mœurs d’un monde privilégié qui se dévoilent ainsi devant nous à travers de ballet de personnages, liés entre eux par le rang social et le hasard des présentations, qui se côtoient et gravitent autour d’un illustre inconnu.
C’est aussi une plongée étourdissante dans les années folles. Nous sommes en 1922, âge d’or de l’influence économique et culturelle américaine et c’est toute une génération qui cherche alors à oublier les échos de la première guerre mondiale. Ebauche de libéralisation des mœurs, coupe à la garçonne, popularisation du cinéma et du jazz, c’est toute cette frénésie de divertissement et de changement que l’on retrouve, saisie, pour ainsi dire, sur le vif à travers le roman de F. Scott Fitzgerald. Le personnage de Jordan Baker étant en soi presque emblématique de l’image nouvelle de la femme qui émerge à cette époque.
Dans cet instantané historique et social, chaque élément du récit se trouve connecté, de façon plus ou moins directe, à Jay Gatsby, ce maître des festivités dont on ne sait rien. L’intérêt qu’il porte à Nick tout autant que le regard que ce dernier porte sur lui attise notre curiosité tout au long du récit. Si son destin tragique est esquissé dès les premières pages du roman, on ne peut être qu’intrigué par les sentiments mêlés qu’il éveille chez notre narrateur.
Gatsby le Magnifique reste un indétrônable classique en ce sens que F. Scott Fitzgerald a su se saisir avec finesse de la quintessence même d’une époque pour en tisser une intrigue au centre laquelle se trouve un homme, qui semble le reflet de son temps : Jay Gatsby. Le Magnifique.
« Non… Gatsby, à la fin, fut admirable ; c’est ce dont il était la proie, la poussière infecte qui flottait dans le sillage de ses rêves, qui m’a rendu, pour un temps, indifférents aux chagrins abortifs des hommes et à leurs ivresses si vite essoufflées. »
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