Un peu plus bas vers la Terre, de Renaud Cerqueux : philosopher sans choper la migraine

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Un peu plus bas vers la Terre est le premier recueil de nouvelles de Renaud Cerqueux. Il sort aujourd’hui aux éditions du Dilettante. C’est vivant, ça divertit et ça fait réfléchir : et si on plaquait tout pour vivre nos rêves ? Encore faut-il savoir de quoi on rêve vraiment…

En ce début d’année, Le Dilettante publie un recueil de nouvelles divertissant et plutôt réussi. L’auteur en est à son premier essai dans ce format et on espère qu’il récidivera. Auteur-compositeur et co-auteur de deux BD, Renaud Cerqueux a une tête bien faite et une imagination débordante. Flirtant constamment avec le paranormal, il présente ici cinq nouvelles de qualité inégale mais on ressort de ce recueil le sourire aux lèvres et le cerveau en alerte. Et si je passais à côté de ma vie ?

un-peu-plus-bas-vers-la-terreLa première nouvelle d’Un peu plus bas vers la Terre est aussi la plus longue. Dans Enos, Cerqueux nous raconte l’histoire d’Éric, commercial doué à qui tout semble sourire. Il a un épouse qu’il aime, une fille, une maison, de l’argent et pourtant… Pourtant son couple n’est plus aussi harmonieux que ce qu’il voulait et, si son métier lui rapporte de quoi vivre confortablement, il semble aussi l’avoir éloigné de ses rêves, de ses aspirations. Et puis il y a le singe. Ce primate stupide le suit partout. Avec le temps, il a fini par comprendre qu’il était seul à le voir. Mais pourquoi vient-il toujours se mêler de sa vie à la fin ?

Les autres nouvelles utilisent globalement la même recette : un type plutôt banal et à qui nous pouvons tous nous identifier facilement semble réussir dans la vie. Famille parfaite, maison confortable, vacances exotiques, boulot trépidant. On se croirait à Wisteria Lane et on envie. Mais il y a cette lassitude, l’envie d’aller voir ailleurs : d’autres femmes, d’autres boulots, d’autres pays. Vivre l’aventure. Et c’est là qu’Un peu plus bas vers la Terre nous entraîne dans son monde halluciné avec quelques stratagèmes tout droit sortis de son imagination. Un singe invisible pour les autres, un orang-outan-extra-terrestre qui a créé l’univers, sans oublier le Père Noël, bien à propos en cette période encore festive pour quelques jours. Juste le temps de digérer la dinde. Et la bûche. Et les petits-fours.

En trame de fond des ces histoires finalement classiques, Un peu plus bas vers la Terre interroge sur le bonheur. Se remettre en question et douter tout à coup de tout fait partie de notre lot à tous, à un moment ou un autre. À force d’avancer, on oublie parfois la destination que l’on souhaitait suivre. Il y a longtemps, quand tout semblait différent. Mais était-ce le bon objectif ? Le chemin en vaut-il la peine ? L’écriture de Cerqueux est souple. Le sujet, s’il nous pousse inévitablement à nous poser ces questions essentielles, est traité avec beaucoup de légèreté. La première nouvelle nous entraine jusqu’à la page 87. Un peu de paresse pour nous emmener dans un roman ? Tour de chauffe pour une prochaine tentative ? On s’impatiente déjà.

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