Stray Dog est l’œuvre de VanRah, une dessinatrice connue sur DeviantArt grâce à l’atmosphère de ses dessins à la fois fantastiques et orientaux. Ce manga, déjà paru aux éditions des Brumes il y a quelques années, avait suscité la déception car l’éditeur avait rendu un travail médiocre. Cette œuvre connaît donc une seconde naissance en ressortant chez Glénat, avec des dessins mieux travaillés. L’histoire en vaut-elle la chandelle pour autant ?
L’action se déroule à Ishtar, une ville ténébreuse où se côtoient une architecture ancienne, et les technologies les plus avancées. Nous nous situons dans le monde des loups-garous, ou « lycanthropes », si vous voulez faire plus sérieux. Le héros, Toru, est un lycan maudit, aux cheveux noirs et aux yeux rouges. Il fait ainsi partie de la race la plus puissante des lycans, les Karat, dernier membre de sa famille éteinte. Il s’agit donc d’un spécimen très puissant, devant combattre dans des tournois clandestins face à d’autres démons. Il est asservi par Lawrence, homme corrompu qui ne cherche qu’à l’avilir et à le faire combattre pour la gloire. Toru s’abandonne à son esclavage, dans le but de contrôler sa partie démoniaque. Mais un jour, un scientifique plus compatissant que les autres descend dans les geôles sordides d’Ishtar pour nouer un pacte avec le Karat. Il s’agit de retrouver sa fille, Aki, et de veiller sur elle.
L’histoire de Stray Dog reprend le mythe de la Bête du Gévaudan et le transpose dans cette histoire fantastique. Cela peut apporter divers aspects intéressants, mais est-ce suffisant ? C’est toujours risqué de s’attaquer à un thème très vaste en littérature ou en bande dessinée, que ce soit en parlant du monde des anges et des démons, du monde des vampires, ou de celui des loups garous. Il existe déjà tellement de films, de livres et de séries basés sur ces grandes catégories, qu’il vaut mieux dans ce cas faire preuve de beaucoup d’originalité pour sortir du lot. Or, VanRah a voulu se moquer de Twilight et de la façon vraiment niaise de traiter les loups garous, et d’ailleurs, ses personnages y font plusieurs fois référence, en se moquant des vampires qui brillent comme des paillettes au soleil ! Ce qui est un clin d’œil bien appréciable… quand on déteste profondément Twilight, comme moi.
Mais revenons à des choses plus sérieuses. Stray Dog se veut steampunk, mais ce qui est regrettable, c’est qu’on ne voit qu’une seule gare à l’ambiance steampunk sur deux pages, à la fin. 90% de l’histoire se déroule dans les bas-fonds d’Ishtar, avec Toru, enfermé dans sa prison, et qui déroule des monologues sans fin sur sa nature de démon contre laquelle on ne peut rien, et c’est le destin, la fatalité, etc, etc. C’est pourquoi certaines longueurs sont parfois difficiles à supporter. D’autant plus qu’il est très difficile d’entrer dans l’histoire au début. Heureusement, les deux derniers tiers du tome 1 de Stray Dog m’ont paru beaucoup plus intéressants; il y avait une montée en puissance qui heureusement, a sauvé le début. Mais il faut toujours soigner son incipit dans son œuvre, au risque que le lecteur n’ait guère envie de continuer, et c’est dommage.
Alors pourquoi cette difficile entrée en matière ? Le début de Stray Dog m’a paru trop confus, pas assez clair pour que le lecteur comprenne bien ce qui se passe, sans que cela suscite beaucoup de curiosité. Et surtout, les personnages n’ont pas beaucoup d’expressions, dans la manière dont ils sont dessinés. Même quand ils sont en colère où qu’ils crient, ils ont les yeux à peine ouverts, ce qui est regrettable dans le monde du manga, où l’expressivité sur le visage est extrêmement importante, c’est même l’essence même du manga. L’exagération, avec un côté « what the fuck », sont des éléments qui y sont incontournables. Pas ici. Et franchement, c’est vide. Pire encore, les personnages sont stéréotypés, surtout la jeune fille. Pour un auteur qui se revendique comme voulant s’opposer à Twilight, c’est assez surprenant. Le but est de reprendre les codes du manga, de les maîtriser, puis ensuite de les briser pour créer sa propre patte artistique. Ce qui n’est pas encore le cas, visiblement.
Je ne tiens pas non plus à insister sur les défauts : Stray Dog a des qualités et ce n’est pas toujours facile d’être absolument parfait dès le premier tome. Et c’est très méritant pour une artiste qui s’est fait connaître au départ grâce à ses dessins, et de finir publiée chez un éditeur de mangas, et dieu sait qu’elle a réalisé le rêve de bien d’autres personnes qui désespèrent que ça leur arrive un jour ! Alors excusez du peu. VanRah est toujours présente sur DeviantArt : vous pouvez voir ses autres dessins ici => VanRah on DeviantArt et elle participe de temps en temps à des conventions, comme la Japan Expo. Ce serait dommage de s’en priver. En tout cas, nous attendons la suite des aventures de Toru, en attendant que l’histoire s’approfondisse davantage !