Attendue par des milliers de fans, Docteur Sleep, suite de Shining, est enfin sortie aux éditions Albin Michel. Depuis plusieurs semaines, les exemplaires de vendent comme des petits pains, soutenus par la venue du maître du suspense lui-même à Paris pour quelques jours. La critique est unanime : Docteur Sleep est bluffant. Il vient d »ailleurs de remporter le prix du meilleur roman fantastique 2013 décerné par la rédaction de Lire. Il était temps que nous vous disions ce que nous en avons pensé, et c »est Yohann qui s »y colle !
Des années se sont écoulées depuis la fin du célèbre Shining. Le petit Danny Torrance, désormais Dan, a bien grandi. Il est devenu, contre toute attente, à l »image de son père, un adulte torturé. Peu à peu rendu fou par ses pouvoirs qui par le passé ont donné vie aux esprits de l »hôtel Overlook, il tombe dans l »alcool et la débauche pour brider les effets indésirables de ses facultés surnaturelles.
Quelques années plus tard, repenti mais pas tranquille, il travaille dans un hospice où l »occasion lui est donnée d »utiliser de « don » (en version originale le « shining ») pour faire le bien. Dès qu »un patient a besoin de son aide pour passer de l »autre côté en toute quiétude, on fait appel à lui sous le pseudonyme de Docteur Sleep.
Mais Dan ne semble pas être la seule personne sur Terre dotée de telles aptitudes parapsychiques… Et Abra Stone, petite fille née non loin de sa nouvelle résidence, pourrait bien prendre la relève…
Docteur Sleep nous présente trois parcours alternatifs qui se rejoignent peu à peu. Car si Dan reste le héros incontestable du récit (et comment aurait-il pu en être autrement ?), il est suivi de près par Abra, nouvelle arrivante plus jeune mais également plus puissante, bouffée d »innocence, qui amène au récit une respiration.
D »un autre côté, puisqu »il faut bien un méchant, nous découvrons la bande du Noeud vrai. Véritable troupe de « démons vides » et immortels, ils arpentent les routes sous l »apparence de routiers bohèmes et conservent leur jeunesse en absorbant les pouvoirs des enfants comme Abra, ou comme Danny l »était à l »époque. Autrement dit, en absorbant la souffrance des innocents qu »ils surnomment « vapeur ».
Quand, à la suite d »un accident de projection astrale, le Noeud vrai repère la présence d »Abra Stone quelque part en Amérique et décide de partir à la recherche de cette nourriture de choix, le livre se transforme en véritable bataille rangée. Car si Abra mêle sa force à une naïveté qui pourrait lui causer des problèmes, Dan est là pour veiller au grain.
On ne présente évidemment plus l »oeuvre de Stephen King, qui nous livre avec Docteur Sleep un classique du genre. Avec ce récit efficace, bien ficelé au vocabulaire brut et direct (parfois même vulgaire), Stephen King représente, comme à son habitude avec brio, la vie profonde et casino online répugnante de son pays. Les détails, descriptions et scènes de vie, de drogue, de nourriture grasse, nous bercent dans la banalité de manière si efficace que les phénomènes paranormaux ponctuant la lecture semblent complètement plausibles. Sans doute car ceux-ci sont entremêlés de références musicales, évènementielles ou littéraires extrêmement populaires, rapprochant le lecteur de cette aventure d »un quotidien qui pourrait être sien.
Evidemment, on se demandera si la plublication de Docteur Sleep relève plus du coup marketing, que du réel intérêt à connaître les nouvelles aventures de Danny Torrance. L »histoire, qui aborde des points découverts à l »époque aurait pu tout aussi bien fonctionner avec un autre personnage ou faire partie d »un ouvrage bien distinct. Docteur Sleep n »en reste pas moins d »une redoutable efficacité et n »est en aucun point redondante.
On applaudit donc l »énorme risque pris par Stephen King de faire s »écrouler la pièce maîtresse de sa bibliographie, tout en reconnaissant qu »il ne gâche finalement rien, tant Shining et Docteur Sleep sont à la fois proches et différents. On se serait peut-être seulement attendu, en se remémorant les souvenirs de l »atroce Mrs. Massey dans sa baignoire, à un peu plus de frissons.
« Une fois l »été terminé, c »était hallucinant la vitesse à laquelle Frazier se vidait, et ça lui rappela comment l »Overlook s »était vidé autrefois. Avec quelle rapidité la petite famille Torrance s »était retrouvée toute seule, avec l »immense hôtel rien que pour elle.
Et pour les fantômes, bien entendu. Eux n »étaient jamais partis. »
Et si vous voulez en savoir plus, découvrir le teaser et trailer de Docteur Sleep, et voir des images de la venue de Stephen King à Paris, c »est par ici
Un commentaire
« la pièce maîtresse de sa bibliographie »…Je ne crois pas. Il avait que la série « L Tour sombre » était son grand oeuvre..Ceci dit, j’aime bien le terme « efficacité » qui est en passe de devenir une expression figée, à lui tout seul. Dans le dictionnaire du jargon critique, c’est le deuxième mot le plus utilisé après « incontournable ». J’imagine que ça veut dire que le bouquin est mauvais ET bankable.
Je crois que je vais rester sur le Shining, d’autant que je suis pas persuadé que King a maintenant un, ou plusieurs nègres.