Game of Thrones : du livre à la série

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livre-trone-de-ferPeut-être avez-vous déjà entendu cette phrase, répétée en litanie par certains de vos amis Geek : « Winter is coming ». Si tel est votre cas, peut-être avez-vous déjà compris que nous allions parler de Game of Thrones ? Cette série que les sites spécialisés des milieux spécialisés vantent comme étant l’une des meilleures de ces dernières années. Peut être savez-vous aussi qu’avant de passer à la télé, la saga est une série de bouquins ? Et peut-être auriez-vous envie de la lire…

Alors, n’écoutant que mon courage (et cherchant à combler mes heures perdues dans le RER), je me suis attaquée pour vous à la saga des 7 couronnes, où truite, lion et loup-garou (ici grands comme des poneys) n’hésitent pas à se mettre de grands coups d’épées sur le museau ! Si je suis consciente que cela fait beaucoup d’animaux, n’allez pas croire que vous avez à faire à une série animalière bonne enfant comme Rintintin. Ici, le vice et la perfidie sont de mise, et le sang monnaie courante !

Je vous emmène donc à Westeros (je vous rassure, nul besoin de prendre le RER pour ça !) où les étés comme les hivers peuvent durer des années, découvrir les personnages qui peuplent le monde G.R.R. Martin…

 

Game of Thrones est à la fois le titre original du livre et le titre de la série TV (adaptée sur HBO par David Benioff et DB Weiss). Pour le coup, je le trouve particulièrement bien choisi, car force est de constater que plus qu’un livre d’heroic-fantasy (catégorie un peu fourre-tout, dans laquelle il est placé), le bouquin fourmille de personnages, de trônes potentiellement vacants, et d’intriques. Le Trône de fer, traduction française, donc, est moins évocatrice sur le contenu du livre et se veut sobre, précise et concise (grâce au titre vous ne saurez que le nom du siège sur lequel se pose le royal fessier !).

D’ailleurs, la traduction est ici un vrai problème. Pour vous lancer dans la lecture, je vous conseille de vous armer de patience et d’un bon traducteur français charabia/ français. Je sais que l’heroic-fantasy n’est pas forcément un genre porteur en France (faut voir que le rayon est souvent placé avec les lectures pour enfant, ce qui en dit long sur ce que les éditeurs et autres libraires pensent tout bas) mais quand même, un minimum de respect n’est pas beaucoup demandé ! Les mots n’ont parfois aucun sens, les phrases semblent tout droit sortir de reverso.net, quand l’impression du bouquin n’a pas collé deux ou trois mots ensemble !

Et tout ceci est bien dommage, car on sent qu’en anglais l’auteur utilise un langage riche, teinté d’expression recherchées et précises, et qu’il y a donc un gros travail de recherche derrière ! Le récit est adulte, car le lecteur est souvent confronté au sordide (un petit meurtre par ci par là, rien de bien méchant pour un livre qui s’inspire du Moyen-âge ; on a fait bien pire dans la réalité !), mais il n’est jamais de trop (contrairement à la série qui aurait tendance à en rajouter, HBO portant fièrement qu’elle est une chaîne résolument provocatrice !). Car G.R.R. Martin aurait pu nous écrire une saga historique que ça n’en aurait pas été moins savoureux. Se basant sur une société féodaux-vassalique (et là, je vous vois regretter ces heures passées à dormir près du radiateur pendant les cours d’Histoire !) l’auteur nous donne des clans, des bannerets et autres épées-liges pour notre plus grand plaisir ! Car, on le sait, une fois passé au shaker, tout ça nous donnera les intriques les plus folles.

Tout comme Tolkien (et là je ne fais aucun parallèle sur la qualité ou la teneur de l’histoire, car pour le coup, Game of Thrones ne répond à quasiment aucun des codes du genre heroic fantasy), Martin ne se contente pas d’écrire une histoire : il crée un univers, développe une histoire… Il faut noter que les livres sont ponctués de nombreux flashbacks impossibles à caser dans la série, car ça la rendrait extrêmement onéreuse et longue. Mais dans les livres, au fil des pages, la mythologie s’étoffe, ce qui happe le lecteur au plus profond de l’univers des enfants de la forêt et des dragons destructeurs.

Tout au long des 4 premiers tomes, les intrigues politiques se succèdent, non sans intelligence, avec de subtiles moments exotiques, où les voyages sont des découvertes, autant pour les personnages que pour les lecteurs. Des moments épiques puisés au cœur de la chevalerie rêvée de notre enfance (sans les arrachements de bras, je vous l’accorde !). De plus, l’imminence de l’hiver, qui succède à un été de dix ans, inquiète les plus sages des personnages. En effet, nombre d’enfants n’ont jamais connu l’hiver, et tout porte à croire que celui-ci sera particulièrement rude, surtout lorsque l’on sait que quelques « white walkers », sorte de morts-vivants à la sauce Martin (et quoi ? Vous aviez oublié que nous étions dans un livre de Fantasy ?) arrivent avec le froid ! Le premier chapitre vous met d’ailleurs directement dans le bain, sans parler de la découverte d’une louve morte par les jeunes Stark !

Game of Thrones

Mais quid de ces satanées bestioles, me direz-vous ? Et bien, tout comme notre bon Moyen-âge, tous nos clans ont ici un emblème, et les principales familles que nous allons côtoyer ont spécifiquement des animaux, de la truite au cerf couronné (emblème de la famille régnante) du lion au loup garou… Les emblèmes, tout comme les intrigues, nous promettent de bestiales mais royales peignées !

Pierre angulaire du récit, nous suivrons donc tout particulièrement le loup-garou des Stark (au propre comme au figuré, puisque chaque enfant Stark a pour animal de compagnie une de ses sympathiques bêtes à poils !). Grâce à ce clan, nous serons introduits dans l’entourage du roi. L’amitié du roi Robert Baratheon (le cerf couronné) pour le noble et fier Ed Stark, l’histoire de la conquête du trône de fer (vous vous souvenez le nom du royal siège !) qui pour la petite histoire fut forgé par un roi avec les épées des perdants (oh my god ! This is a spoiler from the booooook !) , les rencontres, les inimitiés, permettent l’introduction d’une quantité de personnages impressionnante (on comprend bien que la série télé en évacue certain, le casting aurait été exponentiel).

Game of Thrones

De plus dès le départ, on sent que certains personnages auront un destin exceptionnel, entouré de magie et mystère…

Je pense au petit Bran Stark qui privé de ses jambes se balade en forêt et retrouve sa liberté à travers son loup (et là vous vous demandez pourquoi et comment, ben faudra lire !). Les psychologies des protagonistes sont d’ailleurs beaucoup plus fouillées que dans la série, les personnages sont plus denses moins superficiels. La série étant dans le visuel, les choix scénaristiques de faire ressortir certains personnages sont d’ailleurs un peu discutables, par exemple Daenerys, fille du roi déchu (oui je vous avais prévenus, c’est la valse des sièges, on dirait presque une séance à l’Assemblée Nationale !), est un personnage quasi anecdotique dans le livre : on sent qu’elle est ici pour mûrir et apprendre, et que son potentiel ne sera développé que plus tard. Dans la série, c’est le prétexte « sexe, lolos et rock’n roll », si bien que le personnage devient caricatural, avec des phrases répétées en boucle, qui deviennent comiques, puis lassantes. A l’inverse, le pupille/otage des Stark (oui, c’est concept !) m’ennuie assez rapidement dans les livres : il est rigide et très étriqué, mais la série télé a su le rendre intéressant et complexe.

Là où les scénaristes et moi sommes totalement d’accord, c’est avec le personnage de Tyrion Lannister (un lion !). Nain de son état, il a l’humour aussi tranchant que l’épée de son frère Jaimie dont il est parfait opposé, (l’un est grand et beau, l’autre petit et difforme), et si je choisis de vous en parler, c’est que le mal aimé de la famille Bôgosse (je ne vous ai pas parlé de la jumelle de Jaimie, une bombe mariée au roi) en a sacrément sous la casquette. Et si humour noir ne vous laissera pas indifférent, les intrigues capillotractées vous laisseront sans voix !

Game of Thrones

J’ai donc lu les 4 premiers tomes, qui correspondent à la saison 1 et 2 de HBO, et jusqu’à présent je suis fan ! Et je dois avouer que c’est la première (et peut être la dernière) fois que je trouve aussi jouissif de lire un livre que d’en voir son adaptation, les angles pris par les scénaristes sont parfois un vénale, et les choix scénaristiques pas très catholiques. Mais dans l’ensemble, la série est vraiment bien foutue ! Cela dit, je vous encourage vivement à lire les livres. Mis en perspective avec la série, l’univers est si riche qu’il serait dommage de ne pas en profiter. Résumer ces petites merveilles en quelques lignes sans spoiler fut une gageure, mais pour ces livres, un vrai bonheur aussi !

 

Et n’oubliez pas : « Winter is coming »…

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