Le Carnaval aux Corbeaux, le roman sombre et envoûtant d’Anthelme Hauchecorne

Le Carnaval aux Corbeaux est le dernier livre d’Anthelme Hauchecorne, une histoire sombre et magique qui se mêle aux sublimes illustrations de Loïc Canavaggia et Mathieu Coudray. Un roman graphique sorti le 10 février dernier aux éditions du Chat Noir et qui raconte l’histoire d’une fête foraine maudite revenue hanter les habitants de la ville de Rabenheim la veille de la Toussaint.

Le Carnaval aux Corbeaux est un roman surprenant avec une atmosphère bien particulière. Anthelme Hauchecorne nous emmène dans un village au sombre passé et au futur pour le moins incertain…

Tout commence avec le personnage de Ludwig, enfant un brin inquiétant tentant par tous les moyens de contacter son père disparu grâce à une radio cabossée. Personne ne le prend au sérieux mais un beau jour d’octobre, Ludwig va enfin recevoir une réponse. Quelques jours plus tard, une fête foraine apparaît en ville et si le jeune homme décèle rapidement le côté maléfique des forains, les habitants de Rabenheim, quant à eux, sont subjugués et vont se ruer chaque soir à l’Abracadabrantesque Carnaval, à leurs risques et périls…

Le Carnaval aux Corbeaux est un sublime roman graphique. Anthelme Hauchecorne conte avec talent cette histoire de forains bravant la mort pour assouvir leur vengeance. De quoi donner des cauchemars aux enfants ! Et comme si l’histoire sombre et entraînante de l’auteur de suffisait pas, les dessins de Loïc Canavaggio et de Mathieu Coudray nous entraînent dans la ville de Rabenheim où beaucoup d’horreurs auront lieu… Ils arrivent tous les deux à rendre vie aux atrocités de l’auteur et le lecteur se surprendra à arrêter la lecture pour capter toute l’essence de ces fabuleux dessins.

Anthelme Hauchecorne a un style d’écriture bien particulier aux allures de conte oui, mais de conte horrifique ! Des personnages savamment travaillés : les bons comme les mauvais. D’ailleurs y-a-il un seul personnage de véritablement bienveillant ? Un livre tout en noirceur qui arrive à captiver le lecteur mais un roman qui ne se lira pas d’une seule traite.

C’est peut-être le seul point qui m’a un peu gênée, que le livre soit long et qu’il faille attendre pour connaître la fin de cette effroyable aventure. Ce n’est désormais plus un secret, je déteste les descriptions longues et abrutissantes et si Le Carnaval Aux Corbeaux ne manque pas de détails, ce n’est pourtant aucunement dérangeant. Pour une fois, je dirais même que cela permet de s’immerger encore plus profondément dans la démence du récit. Un défaut qui n’en est pas un, un sentiment de malaise, des personnages qu’on adore détester, voilà tout le charme de ce livre : arriver à jouer avec les sentiments du lecteur.

En conclusion, la plume d’Anthelme Hauchecorne est absolument incroyable.  Son histoire est entraînante, ses personnages maléfiques et son lecteur complètement subjugué ! Le Carnaval aux Corbeaux est un livre-objet à conseiller à tous les fans de l’étrange.

« Je suis le Roi des ombres, Prince rouge au gris royaume.
J’effraie le loup, je mange tout, je charme les enfants.
Affamé, sans bouche ni poumons, toujours fumant.
Je te protège. Mais si tu me touches, gare à ta paume.
Je me dévore moi-même, mes dents mordent comme le vent. »