Superman & Lois, saison 2 (Salto) : les limites du feuilletonnant
Bonne surprise de la saison dernière, Superman & Lois est revenue avec une saison 2 boursouflée, longue et sans âme.
Alors que la série est clairement détachée du Arrowverse, Superman & Lois doit construire sa mythologie, son univers et ses codes. Si la saison 1 avait été surprenante avec une approche saine, simple et sérieuse du personnage de DC Comics, la saison 2 semble tomber dans de regrettables fossés scénaristes.
On pensait que la fin de la saison 1, qui souffrait d’un arc tiré en longueur, n’était qu’une erreur de jeunesse. Mais cette seconde saison s’y engouffre encore. Le début est pourtant intéressant et intrigant avec la rumeur d’une apparition de Doomsday, le fameux monstre qui a tué Superman il y a 30 ans. Il n’en est rien et c’est Bizarro qui se dévoile. Cette version contraire de Superman nous apparaît donc avec un langage inversé et une apparence grisonnante. Sa relation psychique avec Superman est au centre de ces premiers épisodes. Du côté des autres personnages, Jonathan utilise de la X-Kryptonite pour progresser au foot, Sarah gère l’infidélité de son père, Lana veut être maire. Bref, des intrigues assez faibles qui pourraient tenir le temps d’un ou deux épisodes.
Le problème est que Superman & Lois fait durer des intrigues qui ne tiennent pas du tout la longueur. Le clan Lana était déjà d’un ennui profond mais c’est encore pire avec ces histoires de tromperie. Lana est un personnage inutile qui ne brille même pas par sa relation avec Clark car elle est vraiment inexploitée. La saison a trois parties avec la découverte de Bizarro, la découverte du monde inversé et la progression du Bizarro World dans le monde normal.
A l’instar de Smallville, jamais vraiment à l’aise avec les idées trop assumées, Superman & Lois nous proposent des personnages caricaturaux, kitsch à l’image des versions inversées des personnages, avec cette mode au cuir pour différencier, à chaque fois, dans beaucoup de séries, les personnages « gentils » des « méchants ».
Et c’est avec tous ces défauts que la saison progresse. Et on touche aux limites du concept de série feuilletonnante. Si la matière est insuffisante, on le voit à l’écran. Superman & Lois ne parvient jamais vraiment à passionner. Smallville avait ce défaut. Cependant, la série n’oubliait jamais de proposer des monsters of the week pour décompresser un peu le récit. La série avec Tyler Hoechlin devrait revenir à un schéma plus souple. L’univers est suffisamment riche pour proposer des histoires indépendantes qui permettent de développer les personnages plus rapidement qu’un long récit étiré.
Pire, la saison se termine 15 minutes trop tôt. L’épisode final, le 15, se permet le luxe de raconter la petite vie des personnages pendant 15 minutes pour terminer sur une note positive. C’est raté. Même le caméo de Diggle est inutile. Déjà, parce que le personnage est inintéressant (il faut le dire, on s’en fiche un peu de sa venue), et parce que la série n’a pas besoin de ça.
Il y a bien des scènes qui sortent du lot dans cette saison, surtout quand elle touche aux fondamentaux de l’univers Superman. La scène de révélation du secret de Clark à Lana est plutôt efficace et remet enfin en jeu les relations, le background et l’héritage de la « marque » Superman. C’est maigre tout de même. Lois est une journaliste sans grand poids, les scènes de sauvetage ne sont plus là, les trois ado sont toujours bridés dans leur développement, Lana est ennuyante. Il n’y a que Tyler Hoechlin et son Superman qui s’en sortent même si les intrigues ne l’aident pas.
Cette saison 2 était laborieuse, mais avec une production toujours aussi carrée. Il faut voir l’invasion du monde inversé dans le monde normal qui est convaincante. Espérons que la saison 3 soit un peu moins affaiblie par une intrigue principale trop présente.
Les deux saisons de Superman & Lois sont disponibles sur Salto.