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Nip/Tuck : check-up complet de la saison 1

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Nip/Tuck date de 2003. Une éternité en terme de séries. Et ça se verrait presque.

Saison 1

On débute par un premier épisode qui surprend par le fond et la forme.

Le fond d’abord avec Ryan Murphy aux commandes. La mise en scène semble dépassée, très 90s avec des fausses notes surprenantes comme des zooms assez laids. La musique est aussi assez ringarde, typique des productions de séries B des 90s encore. C’est dans le fond que la série gagne beaucoup. Elle est déjà très pertinente et impose ses thématiques, son ton et ses personnages. Christian et Sean sont déjà délimités avec une parfaite maîtrise. On sent Christian, adepte de la chair, un peu volatile dans ses scrupules et Sean en prise avec un mariage étouffant et des responsabilités qui semblent le plomber depuis quelques années.

 

Avec un pilote exemplaire (sur son fond, on le rappelle), Nip/Tuck déroule son univers avec une redoutable efficacité. La culture du corps parfait est sous-jacente à chaque intrigue. La beauté, la jeunesse, la vieillesse, tout semble nourrir cette thématique générale.

Christian Troy est joué par Julian McMahon qu’on avait découvert dans Profiler puis retrouvé dans Charmed. Il refait équipe avec Roma Maffia, partenaire dans Profiler, qui joue l’infirmière Liz. On peut le retrouver dans FBI Most Wanted.

Sean Mcnamara est joué par Dylan Walsh, inconnu à cette époque. On l’avait vu dans la courte Brooklyn South. On l’a retrouvé dans Unforgettable et Life Sentence.

Sean n’a pas la vie dissolue de Christian mais son apparente vie de couple rangée cache des faiblesses. Il bosse trop et sa femme a abandonné ses rêves pour élever Matt et Annie, leurs deux enfants. D’ailleurs, Matt sera l’ado insupportable avec des irresponsabilités manifestes, à côté de la plaque du début à la fin de la série. Sean rencontrera une patiente avec qui il aura une aventure jusqu’à ce que la mort les sépare.

Christian rencontre Kimber et Gina, une ingénue très belle et une folle sans limite. Les deux histoires seront vouées à l’échec à l’avance mais chacun s’accrochera à ce qu’il peut. Christian est un personnage machiste pour qui le pouvoir phallique domine le reste. Pourtant, il montre des signes de faiblesse quand on touche aux raisons de cette position de domination. Il a lui-même souffert étant petit. A ce titre, rendons hommage au jeu de Julian McMahon qui est le meilleur acteur du lot.

Le grand méchant de la saison sera Escobar Gallardo, un gros trafiquant de drogue. On ne le retrouvera qu’en fin de saison pour l’arc final sur deux épisodes. Son trafic de drogue avec des mules qui transportent la marchandise dans leurs seins est assez horrible. La pression que met Escobar sur les deux médecins est forte et donnera des scènes à haute tension. Et c’est une astuce finement trouvée qui mettra un terme à cette intrigue glauque et malsaine.

Ce sont d’ailleurs les opérations qui feront la réputation de la série. Avec des plans rapprochés, sanglants et crus, la série prend le parti de montrer les ravages de la chirurgie, ravage qui donne finalement des résultats satisfaisants. Le corps n’est que boucherie et la série devient même ludique. On apprend les techniques, on souffre en silence et on se demande comment un corps peut endurer tout ça.

Côté personnages secondaires, Julia, jouée par Joely Richardson amène son frêle physique à la fragilité de son personnage. Toujours à deux doigts de tomber en larmes (pas aidé par un regard bleu transparent), Julia est finalement très bien campée. Mais elle restera une femme qui subit. Quand elle agit, c’est dans le panneau… La série comprendra que le personnage n’ira pas bien loin et elle sera éclipsée de plus en plus.

Mrs. Grubman est la patiente star de la saison. Après plusieurs opérations, elle en tente une nouvelle qui verra un instrument de chirurgie oublié dans son abdomen, à ce moment, elle demandera des opérations gratuites à vie… La quête de cette femme perdue sera l’autre fil rouge de la saison. Et c’est intéressant d’avoir tout de même une petite continuité côté patient. Les vies des docteurs sont riches, cependant, il est important d’avoir un lien avec le cœur du métier.

Parlons de Matt…

nip/tuck - Nip/Tuck : check-up complet de la saison 1 Sophia Bush in Nip Tuck Season 1 Episode 6 025

Matt et son bilan de la saison en quelques épisodes, sachant qu’il est personnage secondaire : une auto-circoncision ratée, sa petite copine lesbienne, mais qui autorise un plan à trois (et avec Sophia Bush et Kate Mara) et un accident de voiture où il prend la fuite. Il y a de quoi dire sur ce personnage détestable qui ne semble avoir aucune faille sauf celle de rejeter la faute sur ce que les parents vivent au sein du foyer. Si Annie, la petite sœur, semble épargnée. c’est avant tout pour essayer de rester loin des débordements que la série aurait pu provoquer.

Vous pensez que c’est déjà beaucoup pour Matt? Vous n’êtes pas au bout de vos surprises.

Check-Up

Reste que la série arrive intelligemment à allier sens de la provocation, de l’outrance et de la quête de soi. Finalement, Nip/Tuck a une quête de sens limpide. Si la saison 1 a un peu perdu en force dans sa forme par des hasardeux choix de mise en scène ou des dialogues un peu faciles et peu inspirés, elle a toujours autant de force à parler de ses thèmes.

Si elle n’est pas toujours fine dans son intention, c’est avant tout car Ryan Murphy ne l’a jamais été. Il n’y a aucun sous-entendu dans les dialogues qui vont là où il faut aller. Si quelqu’un pète, on va parler anus et digestion à la volée. On va droit au but et la série peut paraître un peu trop crû à cause de ça. Nip/Tuck ne se refuse d’ailleurs rien dans la surprise puisque Christian se verra père de substitution d’un enfant noir que Gina mettra au monde. On ne discute pas, on accepte et c’est au public de se demander s’il doit réagir. Malin. Pour cette saison, du moins, ce sera de moins en moins le cas.

Avec Nip/Tuck, Ryan Murphy a presque donné une définition à la fameuse Loi de Murphy où tout ce qui doit se passer pour rendre la vie difficile se passera. Au-delà d’une série qui aurait pu être soapesque ou tout simplement médicale, Nip / Tuck reste pertinente et trouvera son rythme de croisière entre sensationnalisme et mœurs après quelques épisodes.

A suivre, la saison 2

 

Tom Witwicky

Créateur de SmallThings, 1er Geek Picard de la planète Exilé dans le 92

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