Longtemps auteure des chroniques parues dans Libé sous le titre La Mouche et la Vitre, Julie Marx a publié cette année son premier roman aux éditions de l’Olivier. Ça s’appelle La Journée de la Vierge, parce que les 186 pages de l’histoire se passent un 15 août – fête de l’Assomption de la Vierge dans la religion chrétienne.
Jour de fête pour les croyant-e-s, jour férié pour tou-te-s les Français-e-s, ce 15 août est aussi une journée particulière pour l’héroïne et narratrice de La Journée de la Vierge. La trentaine largement entamée, elle n’est pas vierge, non. Juste (très) célibataire. Et se pose beaucoup de questions. Le 15 août à Paris, pour une femme seule, c’est une épreuve intellectuelle. Et un moment propice au bilan. Entre son appartement, Notre-Dame (journée de la Vierge oblige) et les cafés parisiens, l’héroïne erre, réfléchit… et nous raconte.
Il y a vingt ans, la vague Bridget Jones imposait la figure de la célibattante. Avec La Journée de la Vierge, Julie Marx reprend l’archétype et l’actualise. La trentenaire célibataire d’aujourd’hui a de nombreux potes – hommes et femmes -, moins d’amis, quelques aventures sentimentales, et est professionnellement précaire : elle gagne de l’argent en freelance dans la com’, et fait du stand up le soir. Elle y raconte à un public plus ou moins conquis sa vie de célibataire sans enfants.
Le stand up, justement, donne son ton au livre de Julie Marx. Son personnage se raconte avec un mélange d’authenticité et de dérision qui fait mouche. L’humour porte autant sur les petits détails du quotidien (sa plante, baptisée Beethoven parce qu’elle est dure de la feuille) que sur de plus amples scènes, racontées avec un rythme et un sens du timing remarquables, surtout pour un premier roman. On pense notamment à une scène d’anthologie à Notre-Dame. Ce vernis d’humour ne cache pas les interrogations existentielles du personnage, posées d’une écriture subtile, enlevée, qui ne se départit jamais de sa légèreté.
Avant La Journée de la Vierge, le nom « Marx » évoquait tantôt Karl, tantôt Groucho et ses frères. Julie Marx, qui n’a aucun lien de parenté connu avec l’un ou avec les autres, se montre toutefois la digne héritière de ses homonymes, offrant un premier roman qui avance sur un fil étroit, celui qui allie la philosophie au burlesque.