La Marquise des poisons est un roman historique d’Olivier Seigneur, sous-titré Les enquêtes de La Reynie, le policier du Roi-Soleil. Il s’attaque à la fameuse et bien connue Affaire des Poisons ! Celle qui va jeter l’opprobre sur la cour de Louis XIV. Le livre paraît aujourd’hui chez Plon.
Quel coup pour la grandeur du Roi Soleil que d’admettre que l’on ait pu faire ingurgiter, à son insu, quelques mixtures à base de rognures d’ongle, de sang de chat ou de cœur de tourterelle, et que sais-je encore ! Et pire que tout : administrées de la main de son éblouissante favorite, mère de ses bâtards ! Voilà une couleuvre bien difficile à avaler.
Heureusement son lieutenant général de police minutieux et intègre veille. Gabriel Nicolas de la Reynie, quel personnage formidable pour un roman policier ! S’il n’avait pas existé, il aurait fallût l’inventer. Réformateur des polices parisiennes (et des polices du royaume tout court par la suite), il crée les commissaires de police, met la ville de Paris au pas, la rend plus propre et plus sûre, institue un éclairage publique, établit les premières règles de circulation et stationnement et bien d’autres choses encore. Dont son enquête et sa participation à l’instruction de l’Affaire des Poisons de 1679 à 1682.
Voilà donc le sombre contexte et l’incroyable personnage qui servent de matière à La Marquise des poisons, roman captivant d’Olivier Seigneur. Naviguant entre Paris et Saint-Germain, entre l’entourage du Roi et celui de la Reynie, l’auteur nous fait plonger dans les méandres de cette fascinante enquête qui défraya la chronique et qui reste encore un objet d’étude pour les historiens.
Avec doigté, Olivier Seigneur joue de l’Histoire et du romanesque, incluant quelques rebondissements et péripéties supplémentaires, afin d’ajouter du piment à cette histoire tortueuse mais bien connue. Auteur déjà d’une vingtaine de romans historiques, il démontre sans peine qu’il sait s’emparer de son sujet et le modeler à l’envie pour happer son lecteur.
Faisant surgir dans La Marquise des poisons aussi bien les décors des rues de Paris que les couloirs du Château Vieux de Saint Germain, il fait renaître des personnages historiques qu’il mêle avec habileté à ses personnages de fiction. Le Gabriel Nicolas de la Reynie qui nous conduit dans cette enquête, prend complètement corps, à la fois intransigeant et humain, implacable et attachant. Certes, les impératifs du roman obligent l’auteur à louvoyer un peu avec la réalité des faits et des dates (ce que les seuls les férus d’Histoire noteront), mais on lui pardonne volontiers, car le moins que l’on puisse dire est que La Marquise des poisons ne manque pas d’attraits.
Si Gabriel Nicolas de la Reynie eût, en son temps, bien du mal à démêler les fils de son investigation, entre aveux véritables et affabulations, le lecteur lui-aussi se trouve pris dans la toile des fausses pistes et des faux-semblants avec cette Marquise des poisons. Qui se cache dans l’ombre ? Et qui détient la vérité dans cette affaire ? Quelques ultimes rebondissements sur la fin créeront parfois des longueurs, mais sur l’ensemble, le rythme de La Marquise des poisons reste dense, soutenu et on ne s’ennuie guère. On se pique facilement à suivre cette palpitante enquête.
Historien avisé, amateur friand d’enquêtes historiques ou lecteur simplement curieux, chacun y
trouvera son compte. La Marquise des poisons se révèle une lecture plaisante et instructive, à la fois
pleine d’action et de frissons.