Midwinter de Fiona Melrose, quand la mère manque

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Midwinter, premier roman de l’auteure sud-africaine Fiona Melrose, est sorti au mois de février au Quai Voltaire, collection de la maison d’édition La Table Ronde. On y découvre l’histoire de Landyn Midwinter et de son fils Vale, agriculteurs dans le Suffolk, qui peinent à joindre les deux bouts. Hantés par la disparition tragique de l’épouse et mère adorée, les liens entre eux sont tendus.

Midwinter démarre très fort, par une scène en mer, une fuite vers l’inconnu et le danger, qui va se conclure sur un accident impressionnant, qui va encore nuire sur le moral du jeune homme. La scène est très immersive et rythmée, et happe directement le lecteur.

Vient ensuite le calme après la tempête, le retour difficile à la maison, et les confrontations avec la réalité : la ferme qui bat de l’aile, le père et les relations conflictuels, l’ami blessé, les sentiments amoureux, l’isolement à la ferme et dans le petit village ou tout se sait et où les visages sont toujours les mêmes, et, bien sûr, l’absence de la mère.

Les relations tendues montent en puissance au fil du récit, jusqu’à l’explosion, et les souvenirs africains sortis du placard. Pour moi, la force de Midwinter réside dans cette montée en puissance des émotions, qui happe le lecteur et fait se succéder des émotions contradictoires : colère, suspicion, tendresse, fragilité, et tristesse. J’ai fini le récit remuée par cette tornade d’émotions.

L’alternance des points de vue entre le père et le fils est très bien utilisée, permet un attachement fort aux deux malgré leurs personnalités éloignées (bien que torturées toutes les deux) et leur entente compliquée. Le personnage du fils est touchant car marqué par des questions identitaires classiques de son âge. Un personnage dans lequel on peut se projeter malgré l’aspect parfois extrême et à vif du personnage. Le père est quand à lui un personnage beaucoup plus original, un peu marginal, connecté à ses animaux et un peu éloigné des codes sociaux, mais sa sensibilité est palpable.

Les animaux jouent une part très importantes et sont omniprésents dans Midwinter, d’où son adorable couverture : cochons, meute de chien, et la renarde, animal totem, protecteur et image de la mère.

En résumé, Midwinter est un premier roman contemporain fort, qui monte en puissance et marque par les émotions transmises.

Extrait : 
– Mais je me suis épuisé à la tâche, non ? J’ai été honnête, j’ai fait mon possible. Travaillé nuit et jour. Tu le sais, non ?
– Tu parles si je le sais ! Je te vois si peu que je ne te reconnaîtrais pas si je te croisais dans la rue.

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