Dans les westerns, le nouveau roman de Gilles Leroy, paraît aujourd’hui au Mercure de France. L’auteur a reçu en 2007 le prix Goncourt pour Alabama Song, un roman inspiré de Zelda, la femme de Scott Fitzgerald. Il se penche cette fois sur le milieu du cinéma des années 1950. Un livre intéressant dont l’aspect documentaire, au détriment de l’émotion, peut rendre la lecture un peu fastidieuse.
Le mécanisme du roman est classique : un jeune reporter mène des entretiens pour écrire un livre sur l’acteur Robert Lockhart. Ces entretiens se déroulent à l’occasion de la projection de La Piste héroïque, un western de 1948 remastérisé et colorisé. Ce premier film de Robert, dit Bob, Lockhart l’a révélé au public et en a fait la star qu’il est encore cinquante ans après. Autour de lui gravitent bien des personnes et notamment les trois interviewés : Paul Young et Joanne Ellis qui ont tournés à ses côtés dans le film et Lenny Lieberman son ami de jeunesse et agent.
Paul Young, devenu depuis un sénateur conservateur, revient sur sa rencontre avec Bob, qui donnera lieu à une passion amoureuse de sept années. Joanne et Lenny sont eux des amis de toujours de l’acteur. Amis, amours, tous sont sous le charme ravageur de Bob. Les récits que comporte Dans les westerns se croisent et diffèrent. Paul est hanté par cette grande histoire d’amour, Joanne, toujours un peu amoureuse de Bob, est plus circonspecte. Quand à Lenny, il essaya de garder cette romance dans l’ombre à une époque où médias comme gouvernement étaient à l’affut des mœurs suspectes.J’ai apprécié le récit du tournage avec son ambiance de plateau, ses histoires de l’ombre, son suivi médiatique. Gilles Leroy sait manier la plume et le livre ne manque pas de métaphores. Malheureusement, je ne suis pas parvenue à « entrer » véritablement « Dans les westerns ». Le name-dropping constant (John Wayne, Mae West et autre Marlon Brando) parlera sans doute aux connaisseurs du cinéma des années 1950 ! Tout était réuni pour un roman riche en émotion : une histoire d’amour contrariée, un personnage principal en fin de vie, des amitiés fortes, pourtant elle n’a pas été au rendez-vous. Défaut qui n’est pas propre à Gilles Leroy : un héros tellement solaire, tellement parfait, tellement doué, qu’on peine à s’y attacher. Dans les westerns est un livre pour les fans de cinéma plus que pour les cœurs d’artichauts.
Extrait :
« Il y avait sa haute taille bien sûr, ce corps monté sur échasses et qui dansait plus qu’il ne marchait; il y avait ce côté sombre aussi, sa peau mate, ses cheveux noirs, épais, ses sourcils comme deux traits à l’encre de Chine. mais surtout il y avait son regard. D’où venaient les abeilles dans ses yeux, des abeilles noir et or, insaisissables, qui virevoltaient sans fin et faisaient vibrer l’air autour ? Dans son regard vous aviez le miel et l’instant d’après la morsure. Comme ça, pfft. Il souriait, il piquait. »
