J’avais lu Mal de pierres lors de sa publication aux éditions Liana Levi en 2007. C’est l’un de mes livres préférés. Incroyablement sensible, il dresse le portrait d’une héroïne qu’on oublie pas. Transparaît la grande tendresse de la narratrice qui raconte la vie de sa grand-mère qu’elle adorait, et la force intérieure de ce personnage complexe de femme, qui reste énigmatique jusqu’à la fin.

Profitant de la sortie de son adaptation au cinéma par Nicole Garcia avec Marion Cotillard et Louis Garrel, j’ai relu Mal de pierres avec beaucoup de plaisir. Je me suis souvenue pourquoi j’avais autant aimé. Mais presque dix ans plus tard, Mal de pierres n’a pas du tout trouvé la même résonance chez moi. A vingt ans, j’avais surtout retenu la formidable histoire d’amour entre « Grand-mère » et le Rescapé.

Mal de pierresLa jeune femme, qui souffre de calculs rénaux très sévères l’empêchant visiblement de tomber enceinte, part faire une cure. C’est là qu’elle va rencontrer ce blessé de guerre. Tous les deux vont vivre une complicité immédiate, beaucoup de tendresse, et une proximité physique indiscutable. On apprend qu’après sa cure, la jeune femme est tombée enceinte et a accouché d’un fils, le père de la jeune fille qui raconte l’histoire.

Cette histoire d’amour fulgurante, qui ne révèle ses secrets qu’à la toute fin du livre, m’avait captivée. Aujourd’hui, c’est tout ce qui entoure cette histoire – ses fondations, ses causes, ses conséquences, ce qu’il y a eu avant et ce qu’il y aura après – qui m’a frappée. Le récit de cette femme, qui passait pour folle à cause de ses crises d’hystérie, extrêmement fragile, qui n’a jamais aimé son mari mais a pourtant fait pour lui des choses qui lui ont coûté…

Par le biais d’une petite fille attendrie et passionnée par sa grand-mère, on tire peu à peu le fil de cette vie difficile, bousculée par beaucoup de choses, qui aura trouvé sa réalisation dans une histoire d’amour éphémère. Car l’amour, c’est « la chose principale » que recherche cette femme depuis le début. Alors qu’aucun de ses fiancés n’a voulu rester auprès d’elle et qu’elle a dû se marier de force avec le premier consentant, elle cultive la passion de l’amour véritable, qu’elle finira par connaître. Est-ce cela qui la rend folle, qui provoque ces crises, rares mais impressionnantes, où elle manque chaque fois de se suicider ? Ou est-ce, comme l’évoque sa petite fille, parce que dans chaque famille, quelqu’un doit porter toute la lourdeur et le malheur, pour que les autres puissent être heureux ?

Doté d’un très joli style sans défaut, Mal de pierres est un roman magnifique. La beauté de l’histoire et la force de caractère du personnage sont parfaitement retranscrit par les mots simples d’une petite fille nostalgique. A l’époque, la presse avait été unanime. La narratrice ne suit pas la chronologie, ce qui est souvent le meilleur moyen pour tenter de saisir de son entier les personnages les plus complexes. Je ne saurais que trop vous conseiller de découvrir ce petit bijou, et pas seulement au cinéma. Mal de pierres a toujours été dans le top 10 des livres qui m’ont le plus marquée.

Louis Garrel et Marion Cotillard dans le film "Mal de pierres"

Louis Garrel et Marion Cotillard dans le film « Mal de pierres »

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