La Maison est sorti le 23 septembre dernier aux éditions Milady. L’auteur, Nicolas Jaillet, nous fait rentrer dans le quotidien de femmes angoissées qui vont se libérer du joug de leur mari.
La Maison est un livre qui regroupe trois récits de femmes. Le premier, du même nom que l’œuvre, nous fait rencontrer Martine, jeune femme qui a épousé un mari qu’elle n’aime pas. Le second, La Robe, met en scène Sandra, une femme totalement déboussolée. Enfin, La Bague, plus léger, nous raconte l’histoire d’une femme qui vient de perdre ses parents. Trois histoires, trois femmes, trois destins totalement différents.
La Maison est le récit le plus long et le plus intense. L’utilisation de la troisième personne du singulier nous met dans une situation de voyeurisme. On suit cette histoire avec grand intérêt, on attend, on espère. Nicolas Jaillet utilise le point de vue du fils tout comme celui d’un narrateur extérieur à l’histoire, ce qui rend le récit encore plus troublant. Rien n’est vraiment détaillé, tout est dans l’insinuation. On se prend à apprécier le personnage de Martine et à espérer une fin heureuse pour elle, même si on ne connait finalement pas grand-chose d’elle. On ne connaît que ce qu’elle cache et c’est grâce à cela que le récit est prenant. La Maison est une histoire fascinante et effrayante car elle est d’une véracité troublante. Nicolas Jaillet a réussi à retranscrire les émotions cachées de l’héroïne et c’est bouleversant !
Le second récit, La Robe, est tout aussi noir. Nous ne rentrons pas dans le quotidien de Sandra. On ne connaît finalement qu’un seul événement de sa vie, qui est répété chaque année à la même date. Le malaise s’insinue en nous et on se demande où veut en venir réellement l’auteur. Le final est loin d’être décevant. On ne s’y attendait pas vraiment et c’est une conclusion satisfaisante. Cette histoire est bien plus courte que la précédente et la talent d’écriture de l’auteur est indispensable pour pouvoir l’apprécier pleinement.
La dernière nouvelle de La Maison est, cette fois-ci, racontée du point de vue d’un parfait inconnu. Une rencontre dans un train. Une attirance. Une histoire. Une révélation. Un récit intéressant mais peut-être décevant après avoir lu La Maison et La Robe. Cette histoire ne m’a pas touchée et c’est dommage. Peut-être ai-je raté quelque chose… En réalité, je trouve qu’elle ne va pas avec les deux autres, qu’elle est trop légère pour se retrouver dans ce recueil, même si elle est bien écrite.
En conclusion, La Maison est un livre très intéressant. Les deux premières histoires sont renversantes et l’auteur arrive à nous immerger dans la noirceur de l’humanité avec force de persuasion. La dernière ne me convient pas mais ne peut absolument pas être qualifiée de mauvaise. C’est une histoire plutôt intéressante mais on attend quelque chose qui finalement ne viendra pas. En somme, on reste sur notre faim ! Elle aurait peut-être été mieux placée au début pour aller crescendo dans la terreur…
« Elle sait qu’il ne va pas forcer la porte. Il ne va pas crier. Ici, on ne crie pas. Tout se fait à mi-voix.
Martine se tait, et attend. Elle attendra jusqu’à ce que la voix de Jean s’éteigne, et au-delà. Pour se calmer, elle pense à son projet. Elle le peaufine. Elle s’endormira sans s’en apercevoir, la tête appuyée sur le mur. »