Thriller psychologique au suspense haletant, Le piège est le premier roman de Melanie Raabe, journaliste de son état. Paru le 14 septembre aux éditions JC Lattès, son intrigue très efficace se révèle un véritable piège… à lecteurs !
Linda Conrads est un auteur à succès et une source de rumeurs et de convoitise pour les médias. Depuis onze ans, elle vit seule, recluse dans sa maison, en compagnie de son chien Bukowski. Sans aucun contact avec le monde extérieur, si ce n’est son éditeur et ami Norbert et son assistante Charlotte.
Onze ans. Enfermée, protégée du monde extérieur. Onze ans depuis qu’elle a découvert sa sœur Ana assassinée et surprit son meurtrier prenant la fuite. Depuis elle s’est réfugiée dans un monde sans dangers. Mais tout bascule le soir où elle aperçoit le visage du meurtrier à la télévision. Dès lors, elle décide de lui tendre un piège. Elle va écrire une histoire, cette histoire, leur histoire. Celle de ce meurtre, celle de sa sœur. Et elle n’accordera une interview qu’à lui seul. Elle espère ainsi parvenir à le faire avouer et répondre à la question qui la hante depuis tant d’années : pourquoi ?
Mais dans ce jeu de dupes, face au doute les limites sont floues et très vite on se demande qui est le chasseur et qui est le chassé ? Qui est la victime et qui est la proie ?
Bon sang que c’était bon ! Oh oui je vous l’assure, c’était bon. J’ai pris un malin plaisir à douter, m’interroger, m’engager sur de fausses pistes. Le piège fait danser le lecteur comme une marionnette et on en redemande. Melanie Raabe nous projette dans la tête de Linda où l’on subit tout de front : les angoisses, les souvenirs, les remords, la peur… Naviguant sur cette mer houleuse, on tente d’analyser la situation : Linda est-elle bien en état de mener une telle opération ? Un tel piège a-t-il véritablement une chance de fonctionner ? D’ailleurs n’est-il pas le fruit d’un esprit dérangé ? Est-elle réellement sûre que ce journaliste est le meurtrier qu’elle prétend ? Et si…
Au fur et à mesure des retournements de situation, Melanie Raabe distille le doute qui s’insinue, glaçant, sournois. Et Le piège se referme sur le lecteur incapable de lâcher prise. Mêlant le roman de Linda à l’écriture de sa propre histoire, l’auteur nous dévoile ainsi la scène de crime et son cortège d’indices. Pour comprendre, il faudra aller jusqu’au bout de l’histoire, ou plutôt, des histoires. Qu’importe ! On a déjà sauté à pieds joints dans ce tourbillon machiavélique, obnubilé par la même obsession que Linda : comprendre.
Certes, arrivé à un certain point, on subodore la fin mais il faut malgré tout admettre que c’est diablement bien mené et que pour nous rouler dans la farine, l’auteur est indéniablement douée. Au fil de cette histoire sombre, on se perd en conjectures. On se prend les pieds dans les fausses pistes. On sursaute à chaque coup de théâtre. Qu’est-ce-qui est réel et qu’est-ce-qui ne l’est pas ? Peut-on se fier aux élucubrations d’une femme restée enfermée depuis onze ans et qui met un soin glaçant à préparer son piège? Melanie Raabe mêle les fils de l’intrigue avec brio et son style enlevé et efficace nous happe sans aucun problème. On se laisserait bien prendre plus souvent à ce type de piège…
« J’ai vu Victor Lenzen lors de cette nuit abominable, caniculaire, rouge foncé. J’en suis certaine.
Linda et ses histoires.
Je l’ai vu.
Tout comme tu as vu le faon dans la clairière quand tu étais petite ?
Justement, j’étais encore un enfant. Tous les enfants racontent des histoires, inventent des choses.
Et toi, tu continues à le faire aujourd’hui.
Je sais ce que j’ai vu. Je ne suis pas folle.
Ah non ? »