Avec Derniers feux sur Sunset, ce tout nouveau roman à paraître aujourd’hui aux éditions de l’Olivier, Stewart O’Nan nous plonge dans un Hollywood plus réaliste, défraîchi et mité, bien loin de celui des écrans de cinéma. Le temps a passé, la vie de Francis Scott Fitzgerald aussi.
En 1937, Scott se retrouve plus bas qu’il n’a jamais été. Endetté, alcoolique et sans toit, il tente tant bien que mal de maintenir un certain niveau de vie à sa femme Zelda et à sa fille Scottie. La première, en asile psychiatrique, est devenue une pâle copie de la femme qu’il ne retrouvera jamais. La seconde vit en complice la déchéance de cette mère fragile. C’est alors qu’il reprend le métier de scénariste à Hollywood dans l’espoir d’épancher ses dettes et de retrouver un peu de sa gloire d’autrefois. D’un caractère tranquille, il affronte les désillusions et rit de ses mésaventures. C’est la rencontre avec Sheila Graham, belle journaliste mystérieuse, qui lui donnera envie de changer et lui ramènera le goût des rêves.
Derniers feux sur Sunset est ainsi l’histoire arrangée de Scott. Le style est fluide et on se laisse porter par ce récit de vie à la première personne. Sans tomber dans le misérabilisme, Stewart O’Nan décrit les aléas de la vie, mis à jour sous le soleil des projecteurs. Cet homme maladroit est humain, il se débat pour vivre. C’est donc une belle surprise et une jolie histoire d’amour que les éditions de l’Olivier nous proposent pour la rentrée littéraire.
« Il craignit, de façon absurde, qu’elle ne rebrousse soudain chemin ou, pire encore, qu’elle ne s’approche pour lui demander de cesser de la fixer. Au lieu de ça, comme si elle s’était souvenue de leur première rencontre, elle lui décocha un sourire furtif avant de prendre place à la table de Marc Connelly, vide elle aussi, adoptant exactement la même position que Scott. Durant un long moment, ils demeurèrent ainsi côte à côte à faire tapisserie.
Quand il se tourna vers elle, elle l’imita en une sorte de pantomime. C’était un vieux numéro des Marx Brothers, comme s’il y avait entre eux un miroir imaginaire.
Elle sourit, ce qui le fit sourire à son tour.
» Vous me plaisez bien, dit-il pour tâter le terrain.
– Vous aussi « , répondit-elle, son accent britannique ajourant une note de surprise à cette déclaration. »