Le Philosophe et le Djihadiste de Jean-Yves Leloup est paru aux Presses du Châtelet en mai 2016. Inspiré de de faits réels, le lecteur remonte le temps jusqu’en 2004. Cette année là, un jeune marocain s’appelant Mohammed planifie sa mort destructrice au cœur de la chapelle Sixtine dans la salle du « Jugement dernier »… au nom d’Allah. Mis au parfum de ce sombre dessein, Jean-Yves Leloup se rend à Rome afin de désamorcer une bombe humaine doublée d’une bombe idéologique.
La composition du Philosophe et le Djihadiste retient notre attention. Sur le même modèle qu’une projection débat, l’ouvrage se décompose en deux parties. La première relate la rencontre entre les deux hommes sur fond de confrontations de deux lectures et interprétations théologique des textes islamiques. Le fil de l’action, mettant en scène une course contre la montre, entrecroise un fil bien plus profond et complexe que la trame initiale.
Le factuel rencontre les lignes coraniques, l’intrigue se suspend durant deux chapitres pour laisser place à une exposition du concept de Djihad « Majeur » et « Mineur »… Ouvrir une fenêtre sur ces hommes et leurs réflexions, c’est ouvrir une fenêtre sur le conflit actuel et les tensions que rencontrent non seulement les croyants mais aussi la société face à l’Islam. L’intérêt réside également dans l’introspection de Jean-Yves Leloup, qui dans son combat intellectuel en vient à faire évoluer sa propre pensée et nous invite à prendre encore plus de hauteur. La fin du Philosophe et le Djihadiste tombe comme un couperet, dont la morale n’est autre que l’éternelle instrumentalisation de toute forme de spiritualité et de croyance, au service d’un instinct animé par le désir de reconnaissance dans la mort et le néant.
La seconde partie est organisée en 15 questions adressées à Jean-Yves Leloup et permettent d’approfondir les éléments de la narration qui précède, voire même de les dépasser. Qu’implique le processus de paix, comment accepter à part égale le bien et le mal, comment l’auteur a t-il vécu les attentats de Charlie Hebdo ou encore existe t-il un équilibre entre idolâtrie et iconoclasme… Autant de questions dont l’approche philosophique au delà de la spécificité théologique est plus qu’enrichissante.