Quelques mois après son roman de rentrée littéraire, Claire Castillon revient avec le genre qu’elle maîtrise le mieux : la nouvelle. Les messieurs, paru aux éditions de l’Olivier début mai, nous parle en long en large et en travers du genre masculin sous toutes les coutures à travers divers récits qui se font l’écho les uns des autres.
J’apprécie Claire Castillon depuis longtemps. Je me souviendrai toujours de la claque qu’Insecte avait été pour moi. J’admire sa manière de décrire les choses les plus terribles, les plus politiquement incorrectes, l’air de rien… Sa manière de rendre son propos plus percutant grâce à un récit décalé de la réalité. C’est ce qu’elle parvient à faire une nouvelle fois dans Les messieurs. Ses narratrices sont chaque fois indéterminées. Il pourrait s’agir toujours de la même. Les messieurs, par contre, sont bien différents les uns des autres. Claire Castillon leur prête un visage plus précis qu’à ses narratrices. Ils n’ont ni le même prénom, ni le même âge, ni la même situation… mais un point commun. Ils sont tous plutôt salauds.
La plupart des narratrices sont très jeunes. Pas forcément naïves pour autant. Les messieurs exercent une emprise sur elles, qu’elles maîtrisent mal. Tantôt cruelles, tantôt vouées à l’échec, tantôt pleines d’espoir, ces histoires très courtes nous emportent les unes après les autres dans une atmosphère toujours différente. Une rue, l’intérieur d’une voiture, un salon chic, une chambre… Ces nouvelles sont davantage des scénettes. A peine a-t-on cerner les personnages, que l’on passe à d’autres, et ainsi de suite.
Les messieurs de Claire Castillon pourra paraître un peu manichéen. Parfois trop. Les mecs sont des cons et les filles sont innocentes. Le fait de lire certaines des nouvelles les unes à la suite des autres pourra sans doute renforcer ce sentiment. Mais au fil des pages on découvre de nouveaux personnages et avec eux leur histoire, leur destin, leurs choix… Les messieurs alterne les nouvelles d’apparence plus légères et les nouvelles plus graves, qui nous font davantage frissonner.
La grande qualité des Messieurs de Claire Castillon, c’est sa capacité à nous faire réfléchir dès qu’une nouvelle prend fin, au bout de 6, 8 pages, pas plus. Ces filles, qui sont-elles ? Qu’y a-t-il derrière ce ton naïf et factuel ? Quels sont leurs rêves et comment se sont-elles retrouvées dans ces situations ? Les messieurs est une réussite à découvrir sans hésiter pour les amateurs de psychologie.