Le Général est de retour, un titre prometteur avec lequel Alexandre Chevalier nous livre une politique fiction loufoque et décalée. Paru le 2 mai chez City Editions, ce roman grinçant trace un portrait sans concession de notre paysage politique. On rit beaucoup… mais un peu jaune !
En France, en 2016, tout part en déconfiture. Attentats, chômage, lois impopulaires, le président Hollande est dépassé et la côte de son impopularité frôle le record historique. Pour affronter tout cela, il lui faudrait un conseiller. Un homme de caractère qui puisse lui montrer la voie à suivre pour redresser la France et retrouver sa place dans le cœur des français. Un homme au fait des ficelles de l’état. Un homme… Et pourquoi donc ne pas cloner le Général de Gaulle ? Dans les sous-sols de l’Elysée, rien d’impossible. Et voilà le sauveur de la France revenu à la vie, en même temps que les espoirs présidentiels : Le Général est de retour ! Mais dans une situation aussi improbable, comment les choses pourraient-elles se dérouler sans accroc ?
A époque désespérée, mesures désespérées, tel pourrait être le leitmotiv de cette satire politique. Nous voilà donc embarqués dans les plans loufoques d’un président au désespoir et le clonage du Général De Gaulle est loin d’être le point le plus improbable de toute cette aventure. Dans une galerie de personnalités publiques et politiques croquées avec férocité, on se lance dans une épopée rocambolesque dans laquelle, de gauche ou de droite, chacun en prend pour son grade. Les portraits sont passés au vitriol, les réparties cinglent et même les morts prennent un tacle au passage.
« Mais, ma pauvre Fabienne, je n’ai plus de convictions depuis bien longtemps. Je suis allé à l’école Mitterrand… »
Le moins que l’on puisse dire c’est qu’Alexandre Chevalier n’y va pas de main morte avec nos « chers » politiques. Il y a des excès dans la caricature, des traits un peu forcés qui, sans avoir de sympathie idéologique, provoquent parfois un léger malaise. Un manque de finesse et une sensation de déjà-vu. Mais l’on rit, même si l’on rit un peu jaune.
Sous l’humour féroce, c’est une critique piquante et grinçante du manque de stature, de dimension politique et d’altruisme de nos dirigeants ainsi qu’un constat sans appel quant à la situation de la France et notre société. Le Général est de retour brosse un tableau sans concession qui appuie avec ironie là où cela fait mal. Migrants, mariage pour tous, consumérisme excessif, malbouffe, présidentielles, raciste ordinaire, casseroles politiques ou judiciaires et coups bas, tout y passe, sous le regard décalé et parfois estomaqué d’un Général affligé par la situation. Un Général De Gaulle qui peut apparaître quelquefois un peu idéalisé dans ses réactions ou sa personnalité (on imagine mal De Gaulle se montrer si conciliant quant au mariage homosexuel, lui qui avait été désemparé par mai 68) mais on est dans la fiction, c’est un clone ne l’oublions pas, et cela ne fait qu’accentuer l’effet satirique de l’ensemble en contrastant avec le reste des personnages.
Le Général est de retour, certes, mais d’inattendu en folles péripéties, entre un président à la dérive, un premier ministre capricieux et une opposition pour le moins agitée, parviendra-t-il à sauver la France de cette chienlit ? Rien n’est moins sûr dans cet incroyable imbroglio… En attendant de connaître le fin mot de cette histoire de siphonnés du bocal, on s’amuse et l’on se prend à rêver. Si le Général De Gaulle était vraiment de retour, de tout ça, que pourrait-il bien en penser ?
– Pas encore Manuel. Il n’est pas prêt. Mais, si tu es gentil, je te le montrerai.
– Je vais être super gentil, François, super gentil. Tu verras. Même je vais dire des trucs de gauche à la télévision pour que tu n’aies pas honte de moi.
