Après L’immeuble des femmes qui ont renoncé aux hommes, paru chez Michel Lafon, Karine Lambert passe chez JC Lattès avec Eh bien dansons maintenant ! qui vient de paraître. Comment faire son deuil et renaître à plus de 70 ans !
Si l’écriture de Eh bien dansons maintenant ! est simple, l’histoire n’en est pas pour autant commune. On suit en parallèle deux septuagénaires faisant le deuil de leurs conjoints respectifs pendant une bonne moitié du livre. Puis, viens la rencontre magique lors d’une cure thermale : nos deux personnages tombent sous le charme et se laissent guider par un premier ou second amour, selon les cas. En effet, si Marcel a vécu le grand amour avec son amoureuse d’enfance, Nora, pour Marguerite, la mort de son mari signe la fin d’une existence terne et étouffante.
Deux trajectoires diamétralement opposées, deux personnages très différents, l’un fort et solaire, pied-noir algérien, l’autre une petite chose effacée qui cherche à se libérer du joug des conventions. Ils vont se rencontrer, se faire rire, s’aimer comme au premier jour. On apprend que oui, on peut (re)trouver l’amour au troisième âge, on peut aussi s’embrasser, s’enlacer, et plus si affinités ! Un livre qui met un coup de pied dans les idées reçues et qui fait beaucoup de bien.
Deux bémols néanmoins, l’écriture un brin linéaire et maladroite, l’histoire d’amour qui se déroule à toute allure. Alors certes les personnages n’ont plus de temps à perdre ; on aurait aimé tout de même savourer davantage leur rencontre et leurs premiers émois.
Cela dit, la lecture de Eh bien dansons maintenant ! est très agréable. Le roman se lit vite, il fait rire mais aussi serre le cœur lors du deuil de Marcel ou de la fin très touchante. On réfléchit à notre propre vieillesse et on se prend à espérer vivre d’aussi belles histoires que celle de Marcel et de Marguerite.
Pourtant, les yeux gris de cette femme reflétaient la sincérité. Droite, douce, fragile, elle lui faisait penser à un personnage de roman. Et puis cette soudaine confidence sur sa solitude. Ça l’avait touché.
Il appuie légèrement le pouce sur son sourcil droit qu’il lisse lentement, deux fois, puis le gauche. Il s’imagine ôter les épingles qui retenaient les mèches blanches, comme les plumes d’un oiseau dont les ailes seraient entravées. Il entrouvre la fenêtre pour regarder encore une fois la terrasse vide. Éparpillées dans la nuit, les lumières des villages scintillent comme autant de gâteaux d’anniversaire.
Encore une fois le vent a tourné et il ne sait pas dans quelle direction.