Les morts sont devenus encombrants est un roman de Myette Ronday, publié par la maison d’édition suisses des 5 Sens. Contrairement à ce que ce titre hitchcockien peut indiquer, tout est prétexte à la légèreté et au passage entre différents mondes. Promis, ce livre est tout sauf déprimant. Un bon moyen d’entamer la belle saison.
Bernie, vieux correspondant de guerre, décède brutalement en pleine rue à cause d’un malaise. N’étant pas tout de suite mis au courant de son état, il a la surprise de tomber nez à nez avec sa femme Edna, disparue vingt ans plus tôt. Et c’est là qu’il commence à comprendre. Ses sensations sont décuplées et il redécouvre davantage la beauté de la vie, comme dans ce beau passage où il entre à travers un arbre. La vie ne s’arrête pas avec la mort. C’est là que les ennuis commencent pour Sido, sa jeune sœur, qui devra s’occuper de rapatrier le corps.
Sido a déjà beaucoup d’ennuis du point de vue des vivants, car elle s’aperçoit que Jacques, son compagnon, la trompe avec la voisine Séraphie. C’est tout son monde qui s’écroule et ses souvenirs qui sont chamboulés. Ces scènes dans son immeuble avec la vieille voyante cachée au rez-de-chaussée m’ont fait penser à l’univers d’Amélie Poulain pour leur côté drôle, coloré, insouciant et un brin désuet. Les morts sont devenus encombrants n’a rien de triste, au contraire. Le tout est pétillant, l’écriture entraînante, et rien n’est là pour nous prendre la tête. Le surnaturel se veut poétique, charmant, et pas inquiétant.
Séraphie, pour en revenir à l’histoire, est un ange qui s’incarne sous différentes formes pour sauver des personnes de passage. Elle vient d’échouer dans sa tentative de sauver la vie d’une jeune fille partie faire ses études au Mexique. Et là, elle déroge à la règle en tombant amoureuse de Jacques. Et oui, car à force de rester sur terre, son esprit se laisse forcément aller aux plaisirs de la chair. Va-t-elle mener à bien sa mission malgré tout ?
Vous l’aurez compris, tout est sens dessus-dessous, et tout virevolte dans Les morts sont devenus encombrants. On sent bien le côté belge de l’auteur qui est née à Liège, pour cet aspect loufoque et imaginatif. Ce qui manque à ce roman, c’est la petite touche de perfection qui l’aurait rendu indispensable. Cette histoire légère l’est peut-être trop ? Il manque cet aspect vertigineux et profond de la mort, qui aurait pu être traité sans abandonner le ton pétillant, à mon sens. Néanmoins, Les morts sont devenus encombrants reste un bon livre à découvrir cet été !