HSE, BD futuriste : et si l'homme était coté en bourse ?

Bienvenue dans l’univers de HSE où, après une énorme crise financière, la seule valeur à avoir su résister est l’être humain. On mise sur lui comme sur une société. Puis on veut gagner toujours plus d’argent avec cette mise, alors on demande des comptes. L’engrenage est ensuite en marche, inexorablement. Ce troisième tome nous amène au point où l’engrenage semble prêt à casser. Un thriller futuriste mais tellement crédible qu’on en frissonnerait… La BD est sortie le 15 avril dernier chez Dargaud.

Troisième et dernier tome de la saga H.$.E – Human Stock Echange, cet album conclut les aventures du premier homme lambda côté en bourse.

Cet homme, c’est Félix Fox. Au départ simple vendeur de voiture, il décide de se coter en bourse afin d’obtenir d’autres revenus (tome 1), puis rapidement ses actionnaires commencent à s’interposer de plus en plus dans sa vie personnelle, à tel point que cela en devient insupportable (tome 2), il prend alors une décision pour changer tout cela (tome 3)…

HSE-couv Ne voulant pas trop vous en dire afin de ne pas gâcher le dénouement final de cette saga effrayante et captivante, je ne vous en dirai pas plus.

Dans ce nouveau tome, Xavier Dorison (H.S.E, Long John Silver, Le Troisième Testament) nous décrit une fois de plus une dérive possible de notre société ultralibérale dans laquelle la finance dirige les vies. Une vision bien pessimiste, mais pas nécessairement invraisemblable pour autant. Cet homme, dont la vie est filmée en permanence, et dont les choix de vie et autres font influer le cours de son action personnelle, où chacune de ces décisions doit être validée par un conseil d’administration toujours plus stricte et qui ne cherche qu’une chose : obtenir les plus gros dividendes possibles…

La grande force de HSE (à l’instar de Hedge Funds, une autre saga financière en BD sur les subprimes) c’est qu’en plus de nous raconter une histoire captivante, elle parvient à nous parler de manipulations de cours, de dividendes, d’actions de façon compréhensibles par des non initiés.

Investissement massif, grisaille économique, récession, bulle financière : ce monde pourri par l’argent vous rappelle quelque chose ? Bon OK, sur Les Petits Livres, nous n’avons pas vocation à faire de politique, mais l’hypothèse de miser en bourses sur la réussite d’êtres humains fait froid dans le dos… Mais quand on y réfléchit, c’est une chance que personne n’ait eu la mauvaise idée de lancer le concept…

Initié en 2012, cette série s’achève enfin après 2 ans d’attente entre chaque tome. Mais l’attente valait le coup. L’auteur continue de travailler avec Thomas Allart pour les dessins : sans doute pas les meilleurs, mais classique et réaliste. Cela suffit à faire le travail.

Cet univers prend vie sur le papier avant d’être potentiellement adapté en série télévisé par Olivier Kohn (Une chance de trop – Saison 1) d’ici peu, si l’on en croit les rumeurs.