Le roman d’Esther, second roman de Pauline Flepp, jeune agrégée de Lettres Modernes, vient de paraître chez Flammarion. Le roman d’Esther débute alors qu’Antoine Gardel, écrivain à succès quarantenaire, se trouve en prison pour l’assassinat de la très jeune Esther Monod, son amante. Son éditeur lui propose alors d’écrire leur histoire, à Esther et lui.
Antoine va dérouler son histoire d’amour avec Esther, jeune étudiante séductrice qui le contacte afin de lui consacrer son mémoire. Il tombe sous le charme de la fraicheur teintée de sensibilité de la jeune fille. Ce couple détonnant arpente les rues de Paris et leurs deux solitudes se font écho, en apparence. Cependant, Esther est jeune, et Antoine se demande ce qu’elle peut lui trouver, jusqu’à douter de sa sincérité. Dans la deuxième partie du roman, le journal intime d’Esther répond à bien des questions que se pose le lecteur.
Le roman d’Esther est envoutant. On assiste, impuissant, à la construction puis la déconstruction d’une histoire dont on sait l’inéluctable et tragique fin. On tombe un peu amoureux d’Esther avec Antoine, on s’énerve contre elle, aussi. Les révélations finales nous la rendent blanchie, purifiée, dans toute son ambiguïté.
L’écriture est juste et décrit à merveille le romanesque dont se parent certaines histoires d’amour, intenses et, souvent, brèves. Nos deux héros se croisent, se loupent, se trompent pour mieux tromper leurs solitudes. Antoine choisit Esther comme muse et se régale du tragique du personnage. Ils se retrouvent tous deux pris dans les filets d’un roman qui les dépasse.
Une auteure à suivre et un livre à dévorer d’une traite.
« On se reverra? » ajouta-t-elle avant même que j’aie eu le temps de réagir à sa première provocation. Je lui dis qu’elle pouvait venir quand ça l’arrangeait pour consulter les dossiers de presse. Ce prétexte universitaire était rassurant: il ne s’agissait que de l’aider pour son mémoire. « Vous savez, je ne tombe jamais amoureuse, mais je m’attache vite aux gens. Je suis très sentimentale », dit-elle. Je ne sus que répondre et je me contentai de sourire, comme devant un enfantillage qui ne prêterait pas vraiment à conséquence. Avant de monter dans l’ascenseur, elle se tourna vers moi. Elle souriait. Son visage s’illuminait alors d’une façon telle que je n’aurais pu imaginer une seule seconde le mal qu’on allait se faire.