Le tome 17 de L’Attaque des Titans de Hajime Isayama est paru aux éditions Pika. Nous avions laissé Historia, fille illégitime du Roi Rhodes Reiss, face à un dilemme. Celle-ci devait se changer en Titan et exécuter Eren, détenteur du pouvoir originel de ces géants. Mais celle-ci, fidèle à ses convictions, refuse de plier face à son père et de tuer son ami. Rhode Reiss, fou de rage, s’était donc changé lui-même en Titan et menaçait de tout écrouler à la fin du tome 16. Ce tome-ci est largement centré sur Historia, la petite Princesse qui apprend à s’affranchir de la lignée royale pour devenir Reine. L’histoire est, comme toujours chez Isayama, pleine de rebondissements. D’autres spoilers sont à craindre dans cette critique, vous êtes prévenus.
Eren, se transforme en Titan in extremis à la fin du tome 16 de L’Attaque des Titans pour sauver ses amis. Là, ils assistent à l’effroyable : le Titan Rhodes Reiss est monstrueux, le plus gros qu’ils aient jamais eu à affronter. Un tel gigantisme est sans doute favorisé par les origines royales de Rhode, car il est même plus gros que le Titan colossal. Devant se barricader derrière les remparts de la ville, l’Unité commandée par Livaï se prépare en armant ses canons le long des murs. Eren est prêt à se changer en Titan si les choses devaient dégénérer. Mais celle qui va réussir à se distinguer, c’est bien Historia, qui, souvent reléguée au rôle de l’adolescente fragile, se révèle être un soldat efficace. Au sens propre, il faut couper la nuque du Titan pour le tuer, et au sens figuré, Historia doit totalement s’affranchir de ses parents pour gouverner. Et quoi de mieux qu’une décapitation symbolique pour y parvenir ? Elle prend les armes et terrasse son propre père de sa lame. Historia est désormais Reine. La Reine de ces murs. Ce qui est très spectaculaire comme retournement, car en tant que bâtarde, elle a été violemment rejetée par beaucoup de personnes, dont sa propre mère biologique, et elle voyait son père comme étant l’un des rares à s’intéresser à elle. Mais tout a changé à partir du moment où elle a vu qu’il comptait l’utiliser pour le pouvoir des Titans. D’ailleurs, l’auteur a déjà dessiné Historia, si jamais elle avait dû se transformer en Titan. Sa version « monstrueuse » est représentée avec des ailes d’ange.
L’image de son couronnement est assez spectaculaire. Isayama s’est inspiré à la fois de Jeanne d’Arc et d’Elizabeth Ière, ce qui est plutôt magnifique à regarder. En parlant de couronnement, nous voyons aussi Eren qui se change en Titan sous les yeux médusés de trois enfants dans la ville attaquée par Rhode. Exactement comme au début de la série où c’était Eren qui assistaient à l’arrivée des Titans, étant petit. Ce tome de L’Attaque des Titans est donc largement axé sur un renouvellement, une passation de pouvoir en quelque sorte. Nos héros ont mûri, ont tiré des leçons de leurs expériences, prennent leur destin en main. La seconde partie du tome est radicalement différente du début : nous assistons à la mort de Kenny Ackerman et un flashback est proposé sur sa vie de scélérat. Il était pourtant très ami avec Uri Reiss, le frère de Rhode, et l’ancien détenteur du pouvoir du Titan originel. Ce dernier était très sage, tout le contraire de Rhode. Et là, gros spoiler : nous apprenons que Kenny n’est autre que l’oncle de Livaï, dont la mère est décédée dans un bordel. Livaï est une véritable arme de guerre à lui tout seul, et c’est petit, dans la rue, qu’il a appris à se battre. Ce qui est une information des plus frappantes pour tous les fans de Livaï.
Le bémol cependant, est de rigueur : ce tome de L’Attaque des Titans est inégal dans sa construction. Tout le début avec la lutte contre le Titan Rhode, sa mort et le couronnement d’Historia, tout cela passe beaucoup trop vite. L’affaire est pliée en deux chapitres à peine. C’est vraiment dommage que cette guerre contre Rhode n’ait pas duré plus longtemps, après un tome 16 vertigineux et très bien construit, qui enchaînait les révélations. Je me serait attendue à ce que ce Titan, pourtant le plus gros qu’ils aient jamais vu, soit très difficile à tuer. Mais là, « pouf », Historia lui tranche la nuque et c’est fini. C’est vraiment dommage.
J’aurais préféré une montée en puissance plus graduelle, plus de rebondissements, un passage sur le flash-back de Kenny Ackerman, et le couronnement à la fin. Cela aurait été plus logique. Historia devient reine « trop vite » pour que cela soit crédible, d’autant plus qu’elle est acceptée tout de suite au sein du gouvernement, alors que dans le tome 15, nous avions bien vu que les choses étaient beaucoup plus compliquées que ça. Bref, tout se résout un peu trop facilement à mon goût. D’autant plus que nous ne connaissons toujours pas le pouvoir originel des Titans, détenu par Eren, ni pourquoi son père l’a volé à la lignée royale. Ce qui est frustrant ! Attendons donc la venue du tome 18 pour en savoir plus !