[Nostalgie] Messieurs les Enfants : sur les bancs de l’école avec Daniel Pennac

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Messieurs les Enfants est un magnifique roman de Daniel Pennac paru le 27 août 1997 aux éditions Gallimard. Un coup de cœur intemporel pour June, qui nous en parle dans le cadre de notre rubrique « Nostalgie ».

De son expérience de professeur et d’un pari pris avec son ami le cinéaste Pierre Boutron, Daniel Pennac nous tire un livre inoubliable où l’imagination et toute la poésie de l’enfance tissent avec art les fils d’un récit étonnant, tendre et drôle.

« Sujet: Vous vous réveillez un matin, et vous constatez que, dans la nuit, vous avez été transformé en adulte. Complètement affolé, vous vous précipitez dans la chambre de vos parents. Ils ont été transformés en enfants. Racontez la suite. »

messieurs-les-enfantsTel est le sujet que M. Crastaing, professeur acariâtre et redouté depuis des générations, inflige à Igor Laforgue, Joseph Pritsky et Nourdine Kader pour un dessin. Un fort malheureux dessin en vérité. Nos trois comparses se retrouvent à se torturer les méninges, avec en épée de Damoclès suspendue au-dessus de leurs jeunes têtes, la maxime de Crastaing : « L’imagination, ce n’est pas le mensonge. » Avec en sus la menace « d’une petite conversation avec M. votre père. »

Alors que leurs efforts désespérés se révèlent vains, le sujet de Crastaing prend alors le pas sur la réalité. Et au matin c’est la catastrophe. Comment réussiront-ils à se tirer de cette étrange situation ?

De ses souvenirs de cancre et de professeur, Daniel Pennac sait faire des merveilles. Dans Messieurs les Enfants, récit extraordinaire, il nous ramène à hauteur d’enfance. Chamboulant la réalité, faisant fi de la logique, inversant les rôles, il nous fait voir le monde par les yeux de ces gamins désormais bloqués dans un corps d’adulte. Mais justement quel regard les enfants portent-ils sur l’univers des parents ? Peut-on réellement devenir adulte par magie un beau matin ?

Entre un parent redevenu enfant, avec toute l’innocence que procure l’oubli, et un enfant désormais chargé de famille, les préoccupations s’entremêlent et les perspectives changent. Dans cet imbroglio savamment orchestré, Daniel Pennac effleure au passage du doigt les grands et les petits chagrins de la vie : les familles en vrac, les difficultés scolaires, le deuil d’un parent, les vocations manquées. Et la difficulté de grandir dans un pétrin pareil.

Avec son style léger et pétillant d’humour comme une limonade, Messieurs les Enfants nous mène par le bout du nez dans cette intrigue improbable, merveilleusement tendre. Un peu de réflexion, beaucoup de sourires, des répliques inoubliables, une bouffée d’enfance pour un livre rocambolesque, magique auquel on a tellement envie de croire. Il est quelque chose dans l’écriture de Daniel Pennac qui réconcilie l’adulte que nous sommes avec l’enfant que nous serons toujours. C’est probablement pour cela que Messieurs les Enfants est un livre aussi réussi.

« Joseph ignore encore que Moune a rétrogradé jusqu’à cet âge précis où « parce que » est la réponse la moins satisfaisante à la question « pourquoi »

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