La Gaieté, dernier roman de Justine Lévy, vient de paraître au Livre de Poche. L’auteur y livre une nouvelle étape dans la vie de son double de papier, Louise.
Louise a décidé de ne plus sombrer dans la tristesse, la lourde tristesse, la dépression qui tait son nom, héritée de sa mère. Pour ses deux enfants, pour son compagnon, elle décide d’être gaie, et de le rester. S’enchaînent alors des scènes de son expérience de la maternité et des souvenirs d’une enfance somme toute traumatisante. Petite, Louise se débat entre une mère droguée et dépressive, un père aimant mais absent (hello BHL) et de véritables belles-mères/marâtres.
Le récit de son enfance s’enfonce un peu plus à chaque page dans le sordide, jusqu’à l’apothéose finale qui laisse le lecteur, lui aussi, assez traumatisé. On se demande si ce déballage d’horreur n’est pas gratuit et assommant. Certains apprécieront peut-être la retranscription du point de vue de la petite fille sur ses souvenirs d’enfance, d’autres seront gênés par le manque de recul de l’ensemble. Le côté « j’aime mon papa, j’aime ma maman » de La Gaieté semble assez immature, surtout si le personnage prétend vouloir effectuer une véritable introspection pour faire la paix avec son passé.
Quant au style, il alterne humour et drame de façon efficace. La Gaieté se lit vite. Cependant, les effets de style sont forcés (c’est le cas des longues énumérations) et le ton trop autocentré. Le personnage principal agace et ennuie. Il est possible que les mères se reconnaissent dans les descriptions des joies et des doutes liés à la maternité. L’action manque à l’appel et le ton journal intime peine à convaincre. Bref, on passe à côté de l’engouement Justine Lévy, à regret.
« Avec un enfant on ne peut plus se permettre d’être triste, un point c’est tout. D’ailleurs j’aurai bientôt plus le temps, plus l’énergie, plus la force. Et puis j’en ai bien fait le tour, de la tristesse, j’ai bien tout compris, je sais qu’elle n’est pas liée au présent, qu’elle n’est pas née non plus avec le grand chagrin d’il y a dix ans, j’ai compris qu’elle vient de beaucoup plus loin, peut-être de Kuala Lumpur, mais qu’est-ce qui s’est passé à Kuala Lumpur? »