Ubac, polar d’Elisa Vix, sort ce mois-ci au Rouergue Noir. Un drame familial saisissant qui se déploie en un huis-clos alpin.
Val Plaisir. Rêveuse, Estelle ne s’en cache pas. Son diplôme de préparatrice en pharmacie en poche, elle quitte sa dernière famille en date et répond à une offre d’emploi à Val Plaisir où elle tombe immédiatement amoureuse de Jérémy, coqueluche du village. L’histoire se déroule sur un hiver, long, durant lequel la sœur jumelle de Jérémy a décidé d’établir ses quartiers chez eux. Nadia, une beauté sans pareille derrière laquelle se cache un affreux monstre, Estelle en est persuadée. Elle ne sait pas pourquoi, mais quelque chose lui dit qu’elle doit protéger son bébé. A tout prix.
Ubac débute sur un prologue au ton très pompeux et alambiqué, qui s’estompe cependant au fil des pages. En persévérant, la relation fusionnelle du frère et de sa sœur prend des airs d’inceste profondément dérangeants. Le serpent s’est infiltré dans l’œuf, on ne sait s’il en ressortira.
Mais c’est avec un art consommé qu’Elisa Vix nous montre l’évolution de son personnage fétiche et si attachant, Estelle. Comment le doute s’immiscera-t-il en elle ? Un doute si énorme que sa très chère amie Claudine s’indigne qu’elle ait pu avoir une telle pensée. Pourtant, comment expliquer cette marche soigneusement cirée, ce couteau près de son bébé, et tous ces détails qui finissent par la rendre folle aux yeux de tous ?
En somme, le lecteur est transporté jusqu’à la fin. Ce qui fonctionne le mieux dans Ubac, c’est cette facilité avec laquelle Elisa Vix décrit le quotidien comme si on le vivait. On ne reste pas indifférent à un telle lecture ; elle hante tout, comme Nadia hante son frère.
« Je fis un geste pour le repousser et, soudain, je revis Lilas, hier, recrachant la purée. Son goût acre… Mes yeux s’écarquillèrent d’effroi. Fallait-il vraiment que je sois idiote !
Je saisis l’assiette et la balançai contre le mur. Elle s’y fracassa en laissant une traînée ocre. Jérémy me considéra avec stupeur.
_ Estelle…
Je me suis mis à pleurer. Des larmes amères et douloureuses. Des larmes de désespoir.
Consterné, mon mari essuya la purée en silence. »
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