Le premier tome de Dragon Ball SD est sorti en novembre aux éditions Glénat. Bien qu’ayant été créé à la base par Akira Toriyama en 1984, après le génial Docteur Slump et les aventures d’Arale, c’est la dessinatrice Naho Ooishi qui s’occupe du remake de la célèbre série. Cette « refonte » de la saga s’adresse aux tous jeunes enfants avec de nombreuses scènes coupées, des personnages dessinés petits avec de grosses têtes (SD signifiant « Super Deformed ») et une histoire modifiée. Et c’est là que ça devient étrange.
En tant que trentenaire, je fais partie de la génération Dragon Ball, et c’est très surprenant d’avoir entre les mains un succédané de cette saga mythique. Beaucoup de modifications m’ont perturbée, comme le fait d’avoir supprimé une très grande partie des blagues salées tournant autour de Tortue Géniale, le maître en arts martiaux de Goku, pourtant réputé pour être un grand pervers… La célèbre scène où il interagit avec Bulma au sujet de sa petite culotte (et si vous êtes fan de la série, vous voyez très bien de quelle scène on parle) a été ainsi omise. On peut en comprendre les raisons, mais c’est vraiment dommage de tronquer ainsi une œuvre aussi incontournable. C’est comme si on enlevait toute la vulgarité de Rabelais, ou qu’on censurait du Zola… D’autant plus qu’il s’agit d’un manga, un support très réputé pour ses sous-entendus sexuels, donc si Dragon Ball est censuré, autant le faire avec tous les autres, ce qui ne sera pas une tâche facile. D’autant plus que le manga original a été lu par des millions d’enfants dans les années 80, et je ne comprends pas pourquoi les enfants ne seraient pas assez intelligents, à l’heure actuelle, pour se faire leurs propres opinions…
Mis à part cette censure que je trouve contestable, il y a beaucoup trop de clins d’œil qui indiquent la suite de la série, avec beaucoup de personnages issus de l’univers de Dragon Ball Z qui font irruption au détour des pages. Nous retrouvons donc Vegeta, Raditz, Nappa, Freezer, et même un Saibaman qui met mal à l’aise Yamcha. Un extrait du futur mariage de Goku et Chichi est également dessiné. Mais ces indices proleptiques, loin d’être subtils, s’accumulent jusqu’à la consternation. Jusqu’à quel point peut-on gâcher une histoire en racontant la suite sans cesse ? C’est comme si vous alliez au cinéma voir un film la première fois, et que votre voisin vous tapotait l’épaule toutes les deux minutes pour vous raconter ce qui se passe après. Parce que non seulement il y a des caméos un peu partout, et ça on peut le comprendre, mais des pans entiers de l’histoire des Saiyans sont explicités ! Quel intérêt de mettre autant de spoilers ? OK, cette saga est connue de tous, mais ce serait bien, par égard pour l’enfant qui a ce livre entre les mains pour la première fois, de ne pas autant déflorer l’histoire, et lui laisser au contraire le temps de la pure découverte, tout par lui-même.
Les seuls bons côtés de cette version SD (et il y en a beaucoup) c’est que nous avons droit à une version tout en couleurs de Dragon Ball, ce qui est très agréable. La série est réactualisée ce qui peut apporter un côté rafraîchissant et nous donner envie de nous replonger dans l’histoire. En effet, la version SD est prépubliée dans le magazine Saikyō Jump au Japon, spécialisé dans la version courte et enfantine d’autres mangas, comme Bleach ou One Piece. Cependant, tous les combats secondaires ont été résumés en une case, concernant ce tome de Dragon Ball. Même le manga nous invite à aller lire la série originale, si nous voulons voir tous les détails. C’est une bonne idée. Même si les mangas sont en noir et blanc, ils n’ont pas vieilli, ne sont pas censurés, ni ne sont tronqués, au moins. Les remakes peuvent se suivre et se ressembler, mais la copie n’égalera jamais l’original.