Par la Grâce des Sans Nom est un roman steampunk écrit par Esther Brassac et publié par les éditions du Chat Noir en novembre dernier. Une histoire originale, puisqu’elle se déroule en 1890, sous un dôme, où un spectre va devoir résoudre une affaire de meurtres…
Par la Grâce des Sans Nom se passe en 1890, vingt ans après la fin de la guerre franco-prussienne. Napoléon III a utilisé un canon hypersynthophonique pour assurer sa victoire, ce qui a eu des répercutions désastreuses : des millions de morts, ainsi que la destruction de la faune et de la flore. Des scientifiques aidés par des enchanteurs ont réussi à créer un dôme de trois mille six cents kilomètres, afin qu’une partie des rescapés puissent y vivre. C’est dans ce dôme où se côtoie vampires, spectres, démons et sorcières que l’histoire prend forme…
Dans le Royaume garonnais, là où le dôme a été créé, une entité appelée Celle Qui Montre Ses Emotions, garantie la survie mentale des rescapés. En effet, celle-ci permet au peuple de ne pas se sentir étouffé de vivre cloîtré dans un dôme. Elle assure également un taux de criminalité des plus bas. Alors, lorsqu’une série de meurtres abjects est perpétrée dans la cité tolossayne, le détective Oksibure, spectre coincé entre le monde des vivants et celui des morts, est appelé pour résoudre l’affaire.
Non loin de là, Aldebrand, un humain, loue une maison pour travailler sur une œuvre littéraire avec ses amis : la sublime et mystérieuse Katherine, une vampire, ainsi que le lubrique Cropityore, un incube. Ces trois-là sont réunis par leur passion commune mais très vite des phénomènes étranges vont se dérouler dans la demeure. Et si tout était lié ?
Par la Grâce des Sans Nom n’est pas qu’une simple affaire de meurtres en série. Esther Brassac ajoute plusieurs solides intrigues à son histoire, et le lecteur ne pourra recoller tous les fils qu’à la fin. Une histoire franchement originale avec des personnages très bien créés. Le dénouement est absolument génial, on comprend enfin où l’auteure voulait en venir avec tous ces détails qu’elles nous donnent au fur et à mesure du récit. Un roman qui a dû être difficile à écrire et on sent le travail de recherche d’Esther Brassac. C’est une histoire un peu complexe où il ne faut pas perdre une seule ligne sous peine d’être un peu perdu… mais cela vaut le coup !
Malgré une histoire très intéressante et surtout très bien construite, j’ai eu du mal à m’immerger totalement dans le monde que l’auteure a créé. En effet, le choix de la narration, bien que logique étant donné le genre du livre, a été comme une sorte de bouclier entre l’histoire et moi. Je n’ai pu, à aucun moment, me sentir en compagnie des personnages. J’ai même eu beaucoup de mal à m’intéresser au livre au départ. Néanmoins, comme je le disais, il s’agit d’une narration qui correspond au style du roman et je suis certaine que d’autres arriveront à y plonger plus facilement que moi.
Bien que j’aie été ralentie par le style d’écriture, Par la Grâce des Sans Nom est un roman que j’ai apprécié. L’histoire vaut franchement le détour et on ne peut que souligner l’incroyable maîtrise d’Esther Brassac pour ce genre littéraire qu’est le steampunk ! Une histoire recherchée, des personnages intéressants, une intrigue captivante, mais un style d’écriture qui peut gêner au départ : voilà ce à quoi vous devez vous attendre en lisant Par La Grâce des Sans Nom.
« Il peinait à croire que le personnage fluet qui le dévisageait de ses grands yeux anthracite puisse remplir la tâche confiée par le limier. Néanmoins, il l’invita avec amabilité à entrer dans le hall.
L’ex-chasseur tiqua en entendant la dénomination dommageable à son ego surdimensionné.– Point son subalterne, je ne suis ! Plutôt un spécialiste, ô combien spécialisé, auprès duquel conseil il cherche lorsque l’impose la nécessité. »