L’océan au bout du chemin : l’enfance selon Neil Gaiman

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Le très britannique Neil Gaiman, maître du fantastique, attire avec son nom seul un certain public. Celui amateur de fantastique, du folklore celtique, d’un monde imaginaire, et L’océan au bout du chemin, paru en France aux éditions Au Diable Vauvert, n’échappe pas à la règle.

Sorti en 2013, L’océan au bout du chemin s’est fait nommer pour un Nebula et remporte le prix Locus de 2014. L’auteur d’American Gods nous replonge cette fois-ci en enfance, avec un grand mystère…

De retour dans la maison de sa famille pour des obsèques, un homme encore jeune, sombre et nostalgique, retrouve les lieux de son passé et des images qu’il croyait oubliées. Le suicide d’un locataire dans une voiture au bout d’un chemin, sa rencontre avec une petite voisine, Lettie, qui affirmait alors que l’étang de derrière la maison était un océan.
Et les souvenirs de l’enfance, qu’il croyait enfuis, affluent alors avec une précision troublante…

neil-gaiman-ocean-bout-du-cheminDans L’océan au bout du chemin, le lecteur se retrouve au cœur de l’univers personnel de l’auteur, ce mélange de surnaturel brumeux avec une réalité brutale. Neil Gaiman propose ici une replongée dans le chemin du souvenir. Son narrateur, un adulte à la vie bien entamée, se remémore soudainement des événements précis de sa jeunesse alors qu’il revient dans son village natal pour un enterrement. L’opposition entre ce qu’il se rappelle et les mots employés par son lui d’antan nous replace face à notre propre mémoire défaillante. Avec une mélancolie sous-jacente et permanente, on arrive pourtant bien à s’immerger dans les souvenirs du narrateur.

L’étrangeté autour de la fillette avec qui il avait sympathisé il y a bien longtemps, bien que notable même pour les yeux d’un enfant de sept ans, semble tout à fait logique. La foi placée en sa protectrice ressemble à celle que n’importe quel jeunot placerait en un adulte, infaillible, et disons-le, quasi-magique. Car la majeure partie du roman se fait bien à travers le regard d’un enfant, innocent et simple, tout comme le style d’écriture. Alors forcément, son héros se rapproche de celui de L’étrange vie de Nobody Owens, et les personnages de son conte à ceux d’American Gods. Il lève le voile sur un monde qu’on n’imagine même pas, toujours très créatif avec des créatures en tous genres. Mais c’est l’une des raisons pour laquelle on aime (ou pas) Neil Gaiman. Son style reconnaissable se fait sentir à toutes les pages avec l’expression très juste des sentiments des personnages et les descriptions d’un décor mystique.

Neil Gaiman

Neil Gaiman

On se promène dans la vision onirique de Gaiman, et au final, la mare qu’il décrit se transforme dans notre esprit en cet océan au bout du chemin… Certes, l’histoire ne consiste pas en une folle aventure épique, non, il s’agit plutôt d’un triste songe qui au moment où on se réveille, s’est déjà échappé. Par ailleurs, l’enfance n’est pas toujours rose, des sacrifices sont nécessaires, et en lisant, sans spoiler, la situation m’a rappelé un court instant Le secret de Terabithia. Malgré tout, ce qui m’a toujours gênera et me gênera probablement toujours, devant un de ses livres, je me sens plus spectatrice que participante, et cela en rebutera plus d’un.

(P.S. : auteur prolifique, la dernière parution en date de Neil Gaiman est la collaboration avec les Reaves sur le 3e tome d’InterWorld.)

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