Manga – Vertical T10 : ascension et écoute de soi

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Ce tome 10 de Vertical, paru chez Glénat en septembre, a été écrit par Shinichi Ishizuka, lui-même grand passionné de montagne. La lecture de ce manga nous apprend qu’il a grimpé sur quelques montagnes du monde, y compris le Mont Washington en Amérique du nord. C’est dire si l’auteur connaît son sujet. Ce manga a énormément fait parler de lui, pour de nombreuses raisons tout à fait louables. Petit tour d’horizon de ce massif montagneux.

Le héros se nomme Sanpo Shizimaki, un secouriste de haute-montagne. Très attachant, son sourire énorme a la particularité d’être très contagieux, y compris pour le promeneur le plus morose qui a le bonheur de croiser sa route. La montagne, ça vous gagne (désolée pour cette phrase clichée). Le ton de Vertical se veut résolument réaliste et mature, car Sanpo traverse des moments intimement douloureux, comme une bagarre, par exemple. La montagne devient un salut nécessaire, même si des choses très difficiles existent aussi, comme quand il découvre des cadavres d’alpinistes qui n’ont pas survécu aux déchaînements de la nature. Quand on entreprend de gravir les sommets, l’être humain est toujours dépassé par quelque chose de plus grand que lui. Que ce soit quelque chose de sublime (la beauté des paysages, le sentiment d’ascension ou la capacité de toucher au divin) ou quelque chose de terrible (le froid et la mort). Bref, quelque soit l’issue, il se passe toujours quelque chose en nous quand nous gravissons les pentes enneigées.

verticalVertical n’est pas composé d’une seule histoire, mais de plusieurs, qui racontent les pérégrinations de quelques Japonais qui rencontrent tous une difficulté dans leur vie, ou qui se trouvent carrément dans l’impasse. Un saxophoniste passionné mais exclu, un secouriste en montagnes qui n’est pas sûr de sa vocation, une jeune femme qui s’ennuie au travail et qui n’a plus goût à rien, deux bons vieux amis qui se remettent à gravir la montagne par défi… Sanpo demeure le fil rouge du manga, et il n’est pas rare qu’il croise tous ces personnages. Tous se tournent vers les Alpes japonaises (là où se situe l’action) et en sortent transformés, ou du moins, leur regard a changé sur la vie. La jeune femme qui n’avait plus goût à rien est émerveillée en regardant les étoiles, et les deux vieux amis évitent de se défier lors de leur randonnée, car leur cœur fatigué les met en garde contre un malaise. Tout cela est bien amené, et fait très « humain », ce qui range Vertical dans la catégorie des mangas réalistes. Bien que bon, il risque de ne pas plaire aux lecteurs qui préfèrent tout ce qui est fantastique.

Le seul petit bémol à mon sens, c’est le côté répétitif de ce procédé. « Si vous rencontrez un problème dans votre vie, allez en montagne ». Étonnant, voire redondant… Le lecteur voit évidemment mal la pertinence de tout cela. Mais il n’empêche que Vertical est de qualité. D’autant plus qu’il y a beaucoup de suspens dans les toutes dernières pages, ce qui est inattendu.

Dernier petit point : tous les Japonais sont obligés de gravir le Mont Fuji au moins une fois dans leur vie. Cette montagne (pardon, ce volcan au repos) est tellement respectée du peuple nippon, qu’elle est considérée comme une divinité. Elle est surnommée « Fuji-san », soit « Maître Fuji ». Il s’agit de la montagne préférée de l’auteur également. Cependant, un vieil adage dit : « Tu seras bête si tu ne gravis pas le Mont Fuji au moins une fois, mais tu seras encore plus bête si tu le gravis deux fois ». À méditer…

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