Le 21 mai paraissait chez Don Quichotte le second livre de Diam’s : Mélanie française et musulmane. Cette deuxième autobiographie, elle a décidé de l’écrire suite aux événements du 7 janvier dernier, comme pour mettre sa pierre à l’édifice du combat contre les idées reçues. En publiant sous son nom, Mélanie Georgiades est claire dès le prologue sur ses intentions : elle souhaite tout simplement raconter sa conversion à l’Islam, qui lui a sauvé la vie après une grave dépression, et le bonheur quotidien qu’elle ressent depuis qu’elle s’est tournée vers cette religion.
« L’Islam avait bel et bien éclairé ma vie. La lumière existe. Personne ne l’éteindra jamais. »
Pour être très honnête, à la réception du livre, j’étais plutôt perplexe. Que Diam’s mette son grain de sel suite aux attentats du 7 janvier me semblait inutile. J’ai eu peur qu’elle soit moralisatrice, et nous serve une suite de phrases déjà mille fois entendues dans les médias. Je dois bien avouer que ce n’est pas le cas. Mélanie française et musulmane se veut simple, et direct. Les attentats de Charlie Hebdo : Diam’s n’en parle que très peu. Seuls le prologue et l’épilogue en font mention. Elle se contente de raconter sa discussion avec l’un de ses voisins chrétiens, qui souhaitait échanger avec elle sur le sujet. Pour le reste, Mélanie française et musulmane n’a qu’un seul objectif : parler de sa conversion et de sa vie quotidienne en tant que musulmane convertie en France.
Le livre commence au moment où Diam’s, rappeuse à succès, victime d’une grave dépression, décide de tout arrêter. Internée plusieurs fois, elle se coupe du milieu du show-biz et entreprend quelques voyages « initiatiques » en Afrique, où elle aide une association pour les orphelins. Un jour, alors qu’elle tente de se reconstruire, une amie lui propose de partir avec elle en vacances à l’Île Maurice. Mélanie, en pleine « crise existentielle », emporte quelques livres avec elle, dont le Coran qu’elle a toujours eu envie de lire. Petit à petit, subjuguée, elle découvre dans ces textes toute la sérénité, l’espoir et l’amour qu’elle a l’impression de chercher depuis toujours. Depuis ce jour, elle n’est plus la même. Sa conversion est immédiate.
« je découvrais le sens de la vie, et de la mienne aussi. […] c’était comme si tout ce que je lisais était déjà en moi. »
Dans Mélanie française et musulmane, Diam’s confie le déroulement de cette conversion. Alors que le public l’avait découverte voilée à son insu après la publication d’une photo d’elle dans un journal people, elle tient à expliquer simplement tout le déroulement de cette conversion qui l’a menée à la vie qu’elle mène aujourd’hui. Une vie, comme elle le rappelle presque chaque page, extrêmement sereine, pleine d’espoir et très pieuse. Les chapitres qui racontent ses différents pèlerinages à Médine et à La Mecque, sont centraux.
Cependant, quelques éléments manquants perturbent et ternissent la crédibilité de l’ensemble. On a l’impression de passer à côté de quelque chose, qu’elle ne nous dit pas tout… Par exemple, on aurait aimé que le chapitre concernant sa « révélation » soit plus long, plus poussé, plus profond… Ces jolies phrases bien tournées, comme Diam’s sait les écrire, nous laissent parfois un sentiment d’inachevé. Cette manière de s’exprimer par ellipses, qui fonctionne dans ses chansons, fonctionne un peu moins sous la forme d’une autobiographie. Certes, elle nous confie avoir toujours été fascinée par l’Islam, mais je m’attendais à quelques passages plus explicatifs.
« depuis l’adolescence, je m’étais spontanément rapprochée de la communauté musulmane et de l’Islam. Sans certitude ni réel engagement, mais ils étaient les seuls autour de moi à vivre avec leur foi de façon quotidienne. »
Manquent aussi peut-être quelques précisions sur sa rencontre avec l’homme devenu immédiatement son mari. Alors qu’elle sortait d’une grave dépression, le laps de temps entre sa révélation vis-à-vis de l’Islam et son mariage avec un musulman, semble très (trop ?) court. Si Mélanie répète souhaiter garder certaines choses pour elle, le manque d’éclairage quant à cet épisode de sa vie peut laisser perplexe. Et c’est dommage.
Après le récit de sa conversion, de nombreux chapitres se succèdent concernant sa fille Maryam, son grand-père mais aussi son père, qu’elle avait perdu de vue depuis l’enfance, et qui a opéré un retour dans sa vie. Tous ces événements, qui la rendent heureuse aujourd’hui, elle considère les devoir à sa religion, à cette paix intérieure qui lui permet d’avancer de la manière la plus saine possible pour elle.
Mélanie se veut très pieuse dans l’écriture de ce livre. La majuscule à « Lui » n’est jamais oubliée. Elle utilise aussi les calligraphies qui dans les textes sacrés servent de formule d’éloge consacrées à l’évocation des Prophètes ou de personnages de l’Histoire de l’Islam. Ces choix formels qui semble un peu exagérés au départ, trouvent vite leur place dans cet ensemble finalement cohérent.
Mélanie française et musulmane revient évidemment sur la réaction du public à propos de son voile. Elle raconte aussi le déroulement de l’interview pour l’émission 7 à 8, lors de laquelle elle portait son djilbab devant des caméras pour la première fois. A cette occasion, elle rappelle l’article de Cyril Montana Le Point en octobre 2012 :
« Je croyais que Le Point était de droite, Valls de gauche et l’Islam l’ennemi. Puis Diam’s est apparue sur TF1 et je n’y comprends plus rien. »
[…] « Aujourd’hui, cet Islam, son Islam rejette l’intégrisme, et ce qu’elle a découvert dans le Coran, ce sont des valeurs de « sagesse, de non-violence, de paix, de partage et de bonté ». En aucun cas elle n’y a trouvé « qu’il soit acceptable que des innocents meurent dans des attentats ». « Impensable », explique Diam’s devenue Mélanie.
Cela dit, s’il y a bien une chose que j’ai comprise, c’est que si tout le monde avait en tête le même objectif que Mélanie, « se lever tous les matins en essayant d’être meilleure que la veille », le monde serait certainement aussi doux que ce bonheur qu’elle vit pleinement aujourd’hui grâce à l’Islam, et dont le sourire radieux qu’elle affiche est la preuve la plus évidente. »
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